"Week-ends" : Karin Viard et Jacques Gamblin en rupture de ban
De Anne Villacèque (France), avec : Karin Viard, Noémie Lvovsky, Jacques Gamblin, Ulrich Tukur , Gisèle Casadesus, Aurélia Petit, Iliana Zabeth - 1h30 - Sortie : 26 février 2014
Synopsis : Un rien suffit parfois à gâcher un week-end à la campagne. Un simple malentendu sur un parking de supermarché, un mauvais réflexe, et voilà que tout se détraque. Rien ne va plus pour Christine. Jean la quitte. Ses amis de toujours, Sylvette et Ulrich, sont un peu moins ses amis. Tout fout le camp. Mais la vie est toujours pleine de surprises.Amours et désamours dans la vie de deux couples, le temps des week-ends.
Rompre les habitudes
Karin Viard possède un pouvoir. Celui d’un charme discret qui suscite une empathie spontanée. Elle est comme la "girl next door" (la voisine de pallier) incarnée. La comédienne n’inspire pas ce sentiment par sa seule beauté, en marge des canons de papier glacé. Mais par une présence, une silhouette, une gestuelle, une voix qui participent d’une personnalité que l’on croit lire à livre ouvert. C’est ce qu’elle personnifiait dans la première partie de "Lulu femme nue", même dans la sage sœur de Mathieu Amalric dans "L'Amour est un crime parfait". L’évolution de ces personnages rend cependant également compte des apparences trompeuses.
L’affiche et la bande-annonce de "Week-ends" évoquent au prime abord un ton de comédie générationnelle sur une bande de quadras. On comprend vite que le propos est ailleurs. Il y a bien cette amitié de trente ans entre ces deux couples inséparables qui ont acheté des maisons toutes proches l’une de l’autre, en Normandie, pour se retrouver de week-end en fin de semaine. La mécanique bien rôdée s’enraye rapidement, quand Jean (Jacques Gamblin) quitte Christine (Karin Viard) pour, selon son expression, "partir ailleurs". Où ? Seul ? Accompagné ? On ne sait pas. Les termes choisis se suffisent à eux-mêmes pour définir le besoin majeur de rompre le ban, de sortir des habitudes bien balisées d’une vie ronronnante.
Capter la texture du quotidien
Christine ne l’a pas vu venir cette rebuffade et se la prend en pleine face sans y croire. A ce départ inopiné s’ajoute une distanciation des amis de toujours. Comment se voir comme "avant" ? Leur seul contact ravive l’absence de Jean. Anne Villacèque filme cette vie brisée en se limitant uniquement au temps des week-ends. Aucun des personnages n’est vu dans sa vie hors de ce contexte. Il y a de fait comme un huis-clos, autant défini par le temps que les lieux - les deux maisons de campagne, la route qui les relie et de rares endroits annexes. Etalé sur deux ans, le film visite les quatre saisons de l’année, ce qui est rare, sans toutefois freiner le tempo du film, qui parvient à se relancer sur un canevas pourtant simple.
D’autre part documentariste, Anne Villacèque capte avec réalisme, et non sans humour, son drame conjugal. Tourné en location, chaque scène a un parfum de vérité sans surlignage, avec des décors que l’on sent habités et des acteurs justes sans tomber dans le naturalisme. L’ajout d’une voix off, juvénile, que l’on suppose être le fils de Christine et Jean, est peut-être moins judicieux, et le filmage reste un rien télévisuel. Mais les personnages secondaires, comme les enfants, la mère de Sylvette - éphémère mais formidable Gisèle Casadeus -, Pascale, maîtresse de Jean (excellente Aurélia Petit), le brocanteur, participent de ce joli film où le drame côtoie l’humour avec la nonchalance du quotidien.
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