USA : la comédie qui déplaît tant à Pyongyang est sortie au cinéma
"Nous pensions que ça n'arriverait jamais", a déclaré Seth Rogen, co-réalisateur et l'une des têtes d'affiche de la comédie lors d'une séance nocturne mercredi, l'une des toutes premières pour le long-métrage, dans un cinéma indépendant de Los Angeles.
Son co-réalisateur Evan Goldberg, également présent lors de cette apparition surprise, a remercié les spectateurs d'avoir fait le déplacement : "Le fait qu'il soit projeté ici et que vous tous, les mecs, soyez venus...", "putain, c'est super génial", a déclaré M. Rogen, terminant la phrase de son compère.
"Nous voulions simplement vous remercier. Sans des cinémas comme celui-ci et sans des gens comme vous les mecs, ça ne serait pas arrivé", a ajouté Seth Rogen, selon des vidéos postées sur YouTube par plusieurs spectateurs.
Car les grandes chaînes de cinéma américaines ont toutes annoncé la semaine dernière qu'elles renonçaient à projeter la comédie à la suite des menaces proférées par des pirates informatiques, évoquant les attentats du 11-Septembre. Une décision qui avait contraint le studio Sony pictures entertainment (SPE) à annuler la sortie au cinéma, prévue le 25 décembre aux Etats-Unis après avoir été retardée une première fois.
Acteurs et réalisateurs avaient dénoncé une grave atteinte à la liberté d'expression, de nombreux parlementaires avaient regretté cette décision de SPE et le président Barack Obama avait qualifié cette reculade d'"erreur".
Mardi, le studio a finalement changé de posture en autorisant une sortie limitée --environ 300 cinémas ont prévu de projeter le film selon les médias américains, contre 2.500 initialement-- et en le rendant accessible dès mercredi soir, moyennant finances, sur plusieurs plateformes internet et un site dédié. Le directeur général du studio Michael Lynton a souligné que Sony avait "toujours eu l'intention de diffuser le film sur une plateforme nationale".
Le film a tellement irrité le régime de Pyongyang, qui l'a qualifié "d'acte de terrorisme"
Ce n'était au départ qu'une simple comédie américaine mettant en scène James Franco et Seth Rogen en journalistes de télévision qui obtiennent une interview avec Kim Jong-Un. C'est alors que la CIA s'en mêle et les charge de tuer le jeune leader. C'est devenu un enjeu international, avec la protection de la liberté d'expression en première ligne.
Car le film a tellement irrité le régime de Pyongyang, qui l'a qualifié "d'acte de terrorisme", que la Corée du Nord a commandité un piratage informatique massif de SPE avec un chantage à la clef. C'est ce qu'a affirmé la police fédérale américaine, le FBI, la semaine dernière.
L'incident révélé le 24 novembre avait été revendiqué par un groupe de pirates "Guardians of the peace" (GOP), exigeant du studio de cinéma qu'il annule la sortie du film. Ces hackers avaient notamment menacé de s'en prendre aux salles de cinéma qui projetteraient la comédie.
Le régime communiste nie être impliqué dans ce piratage au cours duquel les données personnelles de 47.000 employés et collaborateurs de Sony Pictures ont notamment été dérobées, mais en a loué les auteurs. Le président Obama avait assuré que Washington répliquerait après ce hacking, décrit par le FBI comme la plus grave cyber-attaque jamais menée aux Etats-Unis.
L'agence de presse gouvernementale nord-coréenne a de nouveau agité la menace de l'arsenal nucléaire du régime et conseillé à Washington de "réfléchir à deux fois à sa politique hostile" envers Pyongyang.
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