Cet article date de plus de cinq ans.

"Une vie cachée" : Terrence Malick signe un film spirituel et poétique, mais peine à se renouveler

Le réalisateur américain Terrence Malick, Palme d’or à Cannes pour "The Tree of Life", se répète dans "Une vie cachée", en passant à côté d’un grand sujet.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'actrice autrichienne Valerie Pachner et l'acteur allemand August Diehl dans Une vies cachée du réalisateur américain Terrence Malick (Copyright iris productions)

Terrence Malick était pour la troisième fois en compétition à Cannes cette année, après sa Palme d’or en 2011 pour The Tree of Life. Le très discret et secret réalisateur américain sort Une vie cachée mercredi 11 décembre, avec des acteurs peu connus, sauf le regretté Bruno Ganz. Adapté de faits réels, son dixième long métrage relate l’histoire d’un paysan autrichien qui refuse d’être mobilisé au début de la Seconde guerre mondiale.

Des hommes entiers

Franz Jägerstätter (August Diehl), paysan autrichien, refuse de prêter allégeance à Hitler comme le stipule la loi allemande. Rejeté par la communauté, ainsi que son épouse (Valérie Pachner), ses trois enfants, sa belle-sœur et sa mère, il est arrêté, emprisonné et risque la peine de mort. Il tiendra jusqu’au bout par conviction religieuse et par amour pour sa femme et sa famille.

Une vie cachée recoupe les autres films de Terrence Malick, où dominent des personnages entiers, indéfectibles (La Balade sauvage. Les Moissons du ciel, Le Nouveau monde…). La mise en images est fidèle au cinéaste : travellings-avant, paysages élégiaques, omniprésence du ciel… Cette forme, toujours très belle, finit toutefois par être réductrice et répétitive de film en film, comme un tic esthétisant. Terrence Malick demeure néanmoins un des rares cinéastes à traduire avec poésie son regard unique sur le monde, du bruissement des feuillages au courant d’une rivière, en passant par les mailles d’un banal gilet de laine.

Prosélytisme

De cet art naît une dimension spirituelle. Mais Malick la surligne avec des dialogues et une voix off qui parasitent le film d’un prosélytisme religieux envahissant. De ce point de vue, la continuité d’Une vie cachée avec The Tree of Life est tangible. Autre défaut du film, sa langue anglaise, alors que tous les personnages sont allemands et que le sujet renvoie à l’histoire allemande. Une obligation du marché international, certes, mais gênante à l’aune du perfectionnisme intransigeant bien connu du cinéaste. D’autant que ses acteurs sont germanophones.

Les acteurs allemands August Diehl et Bruno Ganz dans Une vie cachée du réalisateur américain Terrence Malick (REINER BAJO / UGC Distribution)

De ces réserves résulte une déception dominante qui pointe le manque de renouvellement du réalisateur dans son propos et sa forme. La dramaturgie s’efface au profit du contemplatif, coutumier du cinéaste, mais inadapté au regard du sujet.

L'affiche de "Une vie cachée" de Terrence Malick. (Orange Studio Cinéma / UGC Distribution)

La Fiche

Genre : Drame
Réalisateur : Terrence Malick
Acteurs : August Diehl, Valérie Pachner, Maria Simon, Bruno Ganz
Pays : Etats-Unis / Allemagne
Durée : 2h53
Sortie : 11 décembre 2019
Distributeur : Orange Studio Cinéma / UGC Distribution

Synopsis : D'après une histoire vraie. squ', refuse de se battre aux côtés des nazis. Reconnu coupable de trahison par le régime hitlérien, il est passible de la peine capitale. Mais porté par sa foi inébranlable et son amour pour sa femme, Fani, et ses enfants, Franz reste un homme libre. Une vie cachée raconte l'histoire de ces héros méconnus.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.