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"Under the skin" : Scarlett Johansson dans une S-F avant-gardiste et adulte

Troisième film de Jonathan Glazer, qui a déjà flirté avec le fantastique dans "Birth", avec Nicole Kidman, le britannique caste une autre star, Scarlett Johansson, dans "Under the skin" où elle interprète une extraterrestre séductrice pour piéger les hommes dans un filet interplanétaire. Un film sans aucune commune mesure avec la production habituelle du genre.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Scarlett Johansson dans "Under the Skin" de Jonathan Glazer
 (Diaphana Distribution)
La note Culturebox
4 / 5                  ★★★★☆

De Jonathan Glazer (Grande-Bretagne), avec :  Scarlett Johansson, Jeremy McWilliams, Lynsey Taylor Mackay - 1h47 - Sortie : 25 juin 2014

Synopsis : Un extraterrestre supprime une jeune femme séduisante pour en faire un avatar, afin d'attirer des hommes solitaires dans un piège interplanétaire. Juqu'au jour où l'avatar ne répond plus...
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Caméra cachée
Venu du clip et de la publicité, Jonathan Glazer ne tombe pas dans le travers de l’esthétisant, mais se révèle d’une exigence exceptionnelle dans sa mise en images et en sons. Comme il l’a conçu, "Under the skin" est "un film qui a de grands yeux et de grandes oreilles". Cela se voit et s’entend dès les prémices, ce qui ne quittera plus ni l’écran nit les enceintes. Une magnifique recherche visuelle, sobre, mais puissante, sur une bande sonore et musicale tout aussi expérimentale.

Nombre d’images, sont déroutantes. Elles traduisent une dimension extraterrestre dans les premiers plans, avec cet œil gigantesque "pénétrant" qui renvoie à "2001" de Kubrick. Puis la mise en scène garde cette étrangeté en cultivant paradoxalement un naturalisme dans les pérégrinations de l’avatar extraterrestre en quête de ses proies, dans une écosse pluvieuse et embrumée, aux villes éteintes. Filmé du point de vue de l’avatar, dans "Under the skin", c’est la Terre qui devient "extraterrestre". Pour ce faire, Glazer est allé jusqu’à tourner plus d’une scène en caméra cachée, lorsque la "visiteuse" traque ses victimes. Ce qui donne du vérisme aux scènes, mais provoque aussi un certain malaise dans les situations. Bien vu.
Scarlett Johnasson dans "Under the Skin" de Jonathan Glazer
 (© Diaphana Distribution)

Mise en abîme
Peu de films sont parvenus à traduire cette appréhension extraterrestre de la réalité humaine. Nicolas Roeg y réussissait dans "L’Homme venu d’ailleurs", avec David Bowie en 1975, et plus modestement des séries B inventives, comme "Xtro" (1983, Harry Bromley Davenport) ou "Hidden" (1987, Lloyd Gallager). Pour le versant séducteur de l’extraterrestre, on pense à "Species - La  Mutante" (1995, Roger Donaldson), avec une troublante Natasha Henstridge, transformée par H.R. Giger, créateur de l’Alien de Ridley Scott qui vient de nous quitter. en prédatrice pour procréer 

Mais hormis le film de Roeg, Jonathan Glazer place la barre nettement plus haut. Le prétexte science-fictionnel permet d’offrir une vision de l’humanité, comme c’est presque toujours le cas en S-F. C’est ici le constat d’une immense solitude, prête à se donner au (à la) premier(ère) venu(e), pour trouver l’échappatoire. Quitte à en mourir. L’avatar, étrangement, va déraper… en raison de cette réalité ?

Scarlett Johansson dans "Under the Skin" de Jonathan Glazer 
 (Diaphana Distribution)

L’immense qualité de "Under the skin" émane de sa narration pleine d’ellipses et de mystères non élucidés. Dans les motivations et la fin du processus extraterrestre, de l’évolution psychique de l’avatar… La magnifique mise en abîme, narrative et visuelle des victimes, plongées dans une étrange eau noire, les ténèbres absolues des teintes (le film se déroulant majoritairement la nuit), la parcimonie des dialogues… participent d’un film ambitieux et unique dans le champ des rares films de science-fiction adultes.

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