"Un château en Italie" : Valeria Bruni-Tedeschi en état de grâce
De Valéria Bruni Tedeschi (France), avec :Valeria Bruni Tedeschi, Louis Garrel, Filippo Timi, Xavier Beauvois - 1h44 : Sortie : non précisée
Synopsis : Louise rencontre Nathan, ses rêves ressurgissent. C'est aussi l'histoire de son frère malade et de leur mère, d'un destin: celui d'une grande famille de la bourgeoisie industrielle italienne. L'histoire d'une famille qui se désagrège, d'un monde qui se termine et d'un amour qui commence.
Dans les premières minutes du film, elle exaspère. Un peu molle, un peu perdue, incapable de se rebeller, Louise (Valéria Bruni Tedeschi) est corsetée par l'amour de son frère, atteint du sida, et par une mère capable d'être aussi cinglante que délicieuse. Mais peu à peu, la magie opère. Louise n'est pas seulement empruntée, elle est aussi drôle, parfois extravagante. Au coeur d'une histoire plutôt triste - son frère adoré se meurt, sa famille est ruinée, son amoureux est du genre inconstant, et ses projets de grossesse ont du plomb dans l'aile - elle en est aussi la touche de gaité, le grain de folie.
Car, plusieurs fois, on rit vraiment de bon coeur dans ce "Château en Italie". Quand Louise rencontre la mère baba-cool de son jeune amant. Lorsque qu'elle est prise d'angoisse avant une fécondation in-vitro, une scène hilarante. Ou quand elle échappe à deux religieuses-cerbères pour aller s'asseoir dans un fauteuil à la réputation fertilisante... Et au fond, c'est ça qui fait de ce film un excellent moment. Sa légèreté, sa capacité à changer de genre et de rythme brutalement, avant de reprendre son chemin vers le drame.
Tous les comédiens sont remarquables, avec, peut être un bémol pour Louis Garrel, un peu étouffé par les volte-faces de son personnage, dont on peine à cerner l'âme véritable. Valéria Bruni Tedeschi est épatante, perdante magnifique, qui s'illumine quand on s'y attend le moins. Xavier Beauvois, en pote collant et imbibé, Filippo Timi, frère malade, charmeur et possessif, Marisa Borini, splendide matriarche ou André Wilms, père lunaire du jeune amant de Louise.
Bref, sans la subtilité de sa réalisatrice - largement soutenue à l'écriture par Noémie Lvovsky et Agnès de Sacy - cette tragi-comédie au sujet assez austère aurait pu ronronner. C'est tout le contraire qui se produit. Délesté de tout ce qui aurait pu le rendre indigeste, le film prend son envol. Une réussite vraiment sympathique.
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