Cet article date de plus d'onze ans.

"Un château en Italie" : Valeria Bruni-Tedeschi en état de grâce

A Cannes, le public de la projection officielle a longuement acclamé Valéria Bruni Tedeschi. La réalisatrice et comédienne a réussi avec grâce et doigté à faire vivre le déclin d'une "grande famille" italienne. Un film qui contient une large part autobiographique.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Valeria Bruni Tedeschi et  Louis Garrel dans "Un château en Italie" de Valeria Bruni Tedeschi
 (Guy Ferrandis - SBS Productions)

De Valéria Bruni Tedeschi (France), avec :Valeria Bruni TedeschiLouis GarrelFilippo TimiXavier Beauvois - 1h44 : Sortie : non précisée

Synopsis 
Louise rencontre Nathan, ses rêves ressurgissent. C'est aussi l'histoire de son frère malade et de leur mère, d'un destin: celui d'une grande famille de la bourgeoisie industrielle italienne. L'histoire d'une famille qui se désagrège, d'un monde qui se termine et d'un amour qui commence.

Valeria Bruni Tedeschi et, Filippo Timi dans "Un château en Italie", de Valeria Bruni Tedeschi  
 (Guy Ferrandis - SBS Productions)

Dans les premières minutes du film, elle exaspère. Un peu molle, un peu perdue, incapable de se rebeller, Louise (Valéria Bruni Tedeschi) est corsetée par l'amour de son frère, atteint du sida, et par une mère capable d'être aussi cinglante que délicieuse. Mais peu à peu, la magie opère. Louise n'est pas seulement empruntée, elle est aussi drôle, parfois extravagante. Au coeur d'une histoire plutôt triste - son frère adoré se meurt, sa famille est ruinée, son amoureux est du genre inconstant, et ses projets de grossesse ont du plomb dans l'aile - elle en est aussi la touche de gaité, le grain de folie. 

Car, plusieurs fois, on rit vraiment de bon coeur dans ce "Château en Italie". Quand Louise rencontre la mère baba-cool de son jeune amant. Lorsque qu'elle est prise d'angoisse avant une fécondation in-vitro, une scène hilarante. Ou quand elle échappe à deux religieuses-cerbères pour aller s'asseoir dans un fauteuil à la réputation fertilisante... Et au fond, c'est ça qui fait de ce film un excellent moment. Sa légèreté, sa capacité à changer de genre et de rythme brutalement, avant de reprendre son chemin vers le drame. 

Tous les comédiens sont remarquables, avec, peut être un bémol pour Louis Garrel, un peu étouffé par les volte-faces de son personnage, dont on peine à cerner l'âme véritable. Valéria Bruni Tedeschi est épatante, perdante magnifique, qui s'illumine quand on s'y attend le moins. Xavier Beauvois, en pote collant et imbibé, Filippo Timi, frère malade, charmeur et possessif, Marisa Borini, splendide matriarche ou André Wilms, père lunaire du jeune amant de Louise.

Bref, sans la subtilité de sa réalisatrice - largement soutenue à l'écriture par Noémie Lvovsky et Agnès de Sacy - cette tragi-comédie au sujet assez austère aurait pu ronronner. C'est tout le contraire qui se produit. Délesté de tout ce qui aurait pu le rendre indigeste, le film prend son envol. Une réussite vraiment sympathique.

Découvrez nos grilles de mots fléchés exclusives sur le thème du Festival de Cannes

jouer maintenant

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.