"Tout simplement noir" : "Mon rêve, ce serait que le film dans dix ans soit ringard à mort", confie le réalisateur Jean-Pascal Zadi
Retardée en raison du confinement, la comédie de Jean-Pascal Zadi sort mercredi en salles et résonne avec l'actualité des dernières semaines. Pour le réalisateur, c'est un film "nécessaire".
"Mon rêve, ce serait que le film dans dix ans soit ringard à mort", a confié lundi 6 juillet sur franceinfo le réalisateur Jean-Pascal Zadi, dont le film Tout simplement noir sort en salles mercredi. "Que parler de noir et être français, tout ça soit totalement dépassé, qu'on soit tous sur la même longueur d'onde, qu'on soit tous français, de la même couleur". Pour lui, "ce film est nécessaire" dans le contexte des manifestations contre le racisme et les violences policières, même s'il avait été écrit bien avant ces évènements.
franceinfo : Comment avez-vous vécu les manifestations, parties des États-Unis ?
Jean-Pascal Zadi : Je me suis dit que finalement, ce film est nécessaire. C'est un projet que je portais depuis 2015. C'est un truc que j'avais intimement en moi. J'avais envie de parler de cette identité noire française : on sait beaucoup de choses sur les Noirs aux États-Unis, mais pas beaucoup sur la France. Quand j'ai commencé à écrire, j'étais tellement sincère, tellement honnête que finalement, ça a rejoint l'actualité.
Le film a été tourné l'année dernière et il devait sortir le 15 avril. À cause du confinement, la date a été reportée au 8 juillet et tragiquement, on s'est rendu compte que cela rejoignait l'actualité. On n'avait pas prévu ça.
Jean-Pascal Zadi, réalisateurà franceinfo
Vous avez appelé votre film "Tout simplement noir", pourquoi ?
Je me suis rendu compte que parfois, quand on discute avec des gens, ils ont du mal à dire le mot "noir" et ils disent "black", en se disant que ça serait mieux, en disant que ça apparaît plus cool, plus fun. Mais c'est totalement ringard. Et voilà, on a appelé ça "Tout simplement noir" pour dire que le mot "noir" n'est pas un gros mot. On a le droit de le dire, c'est même bien de mettre les mots.
La comédie était-elle le meilleur moyen de faire passer votre message ?
C'était pour moi le meilleur moyen parler de cette identité-là. J'ai l'impression qu'aujourd'hui, dans l'époque dans laquelle on vit, il y a beaucoup de crispations. Et je me suis dit que la comédie était le meilleur moyen de faire passer ce message-là. C'est aussi la preuve qu'aujourd'hui, on peut rire de tout ce qu'on veut, mais ça dépend de la manière dont on le fait, ça dépend de qui fait la blague.
Que souhaitez-vous que ce film permette ?
Mon rêve, ce serait que le film dans dix ans soit ringard à mort. Et que parler de noir et être français, tout ça soit totalement dépassé, qu'on soit tous sur la même longueur d'onde, qu'on soit tous français, de la même couleur. J'aimerais bien, vraiment, que dans dix ans, on dise : "c'est le ringard qui avait fait le film sur les Noirs en France". Ce serait vraiment mon rêve. Il y a de l'espoir. Je pense qu'en France, on est un pays quand même d'intelligence. Il y a des gens qui ont une honnêteté intellectuelle et qui veulent que les choses aillent mieux. Il faut arrêter de se percevoir comme Noir et se regarder en tant qu'être humain, en tant que Français. Être noir en France, c'est complexe. Une fois qu'on a parlé du racisme, de l'exclusion, qu'est-ce qui reste, en fait ? Il ne reste que des êtres humains.
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