Tony Gatlif : "Aujourd'hui, tout le monde veut nous enlever notre liberté"
Djam est une femme belle et indépendante, d'origine grecque. Un jour, elle doit se rendre en Turquie. Débute alors un "road trip" où elle croise les destinées d'inconnus aux personnalités singulières. Une ode à la liberté bien particulière, selon le réalisateur de "Djam", Tony Gatlif. "Ce n'est pas n'importe quelle liberté. On peut dire que tout le monde est libre. Aujourd'hui, tout le monde veut nous enlever cette liberté, veut nous imposer son ordre de vie, sa façon de voir les femmes. C'est un film qui veut être libre", assure-t-il.
Une liberté incarnée sous les traits de l'actrice Daphné Patakia, déterminée à interpréter ce rôle de la façon la plus riche possible. "C'est son travail, c'est son acharnement qui a fait que six mois après, elle dansait de la danse orientale et elle jouait le bağlama (une forme de luth populaire en Turquie) parfaitement bien."
L'occasion de faire revivre le "rebétiko", une forme de blues grec datant des années 1920 et populaire dans le milieu des exilés. C'est en effet dans les bas-fonds d'Athènes, où les réfugiés d'Asie mineure qu'est né le genre. Tony Gatlif a découvert ce genre musical en 1986 lors de la promotion de son film "Les Princes" en Turquie.
La musique de l'exil
Beaucoup de "ces chansons parlent d'exil: le départ des Grecs d'Izmir, leur fuite à travers les mers en barque...", détaille le cinéaste. Ce qui l'a séduit, c'est la tonalité "mélancolique" de ce style, avec "des paroles qui guérissent".
"C'était tellement cinégénique que depuis j'avais envie d'en faire un film" : près de 25 ans plus tard, la migration massive des Syriens et l'exil des Grecs appauvris par la crise économique, thèmes de "Djam" en salles mercredi, lui fournissent enfin l'occasion d'intégrer cette forme de "blues" ancestral à son scénario.
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