Cet article date de plus de huit ans.

"The Revenant" : la fureur de vivre selon Leonardo DiCaprio

Pour son sixième long métrage, Alejandro González Iñárritu nous livre un revenge movie revenant sur l’histoire du trappeur Hugh Glass, qui, abandonné par ses équipiers, s’accrochera à la vie pour se lancer sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Grandiose.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Leonardo DiCaprio dans "The Revenant"
 (Twentieth Century Fox France)

Une œuvre considérable. Une expérience cinématographique comme il nous en a rarement été permis d’en voir. Deux démiurges au firmament. Un acteur, Leonardo DiCaprio. Et un réalisateur, Alejandro González Iñárritu, qui après avoir triomphé l’an dernier aux Oscars avec "Birdman", pourrait bien réitérer.
 
Il offrait déjà, en 2015, le rôle de sa vie à Michael Keaton dans ce film racontant le montage d’une pièce par un comédien cherchant à rebondir. Une œuvre qui, au-delà de sa réflexion autour de la création dramatique et ses longs plans-séquences, était ponctuée de purs instants de poésie.


Impressionnant

Avec "The Revenant", il vient sans doute, encore, d’offrir le rôle de sa vie à son acteur, déjà monumental. Et on ne voit guère plus d’obstacle à ce que DiCaprio décroche, enfin, sa première statuette. Tant il est impressionnant. "Le rôle le plus difficile de ma carrière", comme l’acteur l’avait confié lors d’une conférence de presse à Paris, le 18 janvier dernier. Une prestation tonitruante pour un film à la trame pour le moins sibylline : la lutte pour la survie d’un trappeur, dans un Wyoming sauvage et enneigé. L’adaptation du roman de Michael Punke inspiré d’une histoire vraie.
 
Celle de Hugh Glass, père d’un adolescent métis et veuf d’une indienne Pawnee, se dirigeant vers l’Ouest au début du XIXe siècle pour s’associer au capitaine Andrew Henry, afin de traquer les bêtes sauvages et d’en revendre les peaux. Lors d’une expédition, il est gravement blessé par un ours. Laissé pour mort par les deux hommes censés veiller sur lui, il survivra pour entreprendre, guidé par une implacable soif de vengeance, un voyage de plus de 300 kms dans un environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi (Tom Hardy) et qui a tué son fils.
Tom Hardy dans "The Revenant"
 (Twentieth Century Fox France)


Glacial

La vengeance est un plat qui se mange froid selon le dicton. Jamais une traque n’aura été si glaciale, si réaliste. Si poignante. Tournée en lumière naturelle, en pleine nature sauvage canadienne, dans des conditions extrêmes avec la nouvelle Alexa, une caméra numérique 65 mm, la photographie de "The Revenant" est une pépite.
 
Avec aux manettes, l’extraordinaire Emmanuel Lubezki, assurément le plus grand chef opérateur du moment aux commandes des trois derniers Malick. Excusez du peu. Et du précédent "Birdman" d’Iñárritu.
 
Et il faut bien le reconnaître, leur rencontre a sans doute fait franchir un nouveau cap au réalisateur. Les longs plans-séquences sont encore là. Toujours aussi magistraux. Dès le premier, où l’on voit un DiCaprio s’avancer péniblement. Silencieusement. Son visage battu par le vent sec et glacé de la forêt. Il cherche le bon moment. Tire. Et abat un élan. Une scène sublime suivie d’une autre. L’attaque par une tribu indienne installée sur les rives du Missouri, de l'expédtion du capitaine Henry.
Leonardo DiCaprio, "The Revenant"
 (Twentieth Century Fox France)


Demi-dieu

La caméra virevolte. Tangue. Les travellings d’une fluidité ahurissante s’enchaînent. Les flèches nous frôlent. Nous toucheraient presque. Car nous sommes là, avec les protagonistes, grâce à une mise en scène à la précision chirurgicale et à une caméra, personnage à part entière du récit, presque subjective. Elle reçoit le sang, la neige et la sueur. Elle cherche son chemin. Une lueur. Comme DiCaprio, enterré vivant après son attaque par un ours. Le passage le plus étourdissant du film. Le combat perdu d’avance, du moins le croit-on, d’un homme contre cette bête. Une séquence insoutenable de quatre minutes où l’on voit l’animal massacrer Glass. On est là, avec eux, au plus près de la respiration du trappeur et du souffle de l’animal.
 
Mais DiCaprio ne mourra pas. Il ne survivra pas vraiment non plus. Car ce n’est pas un homme que filme Iñárritu. Mais une sorte de personnage mystique. Un demi-dieu aux cheveux hirsutes. Increvable. Affamé. Les yeux exorbités et sanguinolents. Les lèvres craquelées et le visage fendillé. DiCaprio, qui signe le rôle le plus taiseux de sa carrière, est époustouflant dans ce revenge movie.
 
Un survival, qui après les "Gravity" ou autre "Seul sur Mars", nous montre que le genre peut encore se réinventer, même sur Terre. 


Reportage : N.Hayter, A.Laroche, S.Gorny, P.M de la Foata

LA FICHE

Film d'Alejandro González Iñárritu - Avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson et Will Poulter - Durée : 2h36. Sortie le 24 février 2016.  

Synopsis : Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Sa soif de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.