« Sur la route » en compétition à Cannes : ça roule
Synopsis : Au lendemain de la mort de son père, Sal Paradise, apprenti écrivain new-yorkais, rencontre Dean Moriarty, jeune ex-taulard au charme ravageur, marié à la très libre et très séduisante Marylou. Entre Sal et Dean, l’entente est immédiate et fusionnelle. Décidés à ne pas se laisser enfermer dans une vie trop étriquée, les deux amis rompent leurs attaches et prennent la route avec Marylou. Assoiffés de liberté, les trois jeunes gens partent à la rencontre du monde, des autres et d’eux-mêmes.
"Sur la route" : la bande-annonce
Inadaptable
Détenteur des droits de « Sur la route » de Jack Kerouac depuis 1968, Francis Ford Coppola aura attendu 44 ans pour voir l’adaptation du livre phare de la beat generation arriver sur les écrans. Coppola pense d’abord réaliser le film, mais s’enlise dans les problèmes d’écriture. Il propose le projet à Jean-Luc Godard qui décline l’invitation. Il se tourne vers Gus Van Sant, à qui, c’est vrai, le sujet irait très bien, mais qui se casse les dents dessus : le roman acquiert la réputation d’être inadaptable.
Il est pourtant éminemment cinématographique : la route, les paysages, les sentiments défilent au rythme d’une bobine de film. Kerouac y aurait pensé dès 1957 et contacté Marlon Brando pour qu’il s’attaque à son adaptation.
Quand Coppola voit en 2004 « Carnet de voyage » du Brésilien Walter Salles, sur le périple à moto de Che Guevara en Amérique du sud avant la révolution cubaine, il sent qu’il a trouvé l’oiseau rare. Salles s’atèle à la tâche avec le scénariste José Riverra qui signe finalement le script. Coproduction internationale, la France participe à hauteur de 90% du budget. Au résultat : une transposition réussie, où le roman est largement respecté.
Paradoxe
Livre bourré d’ambiances, d’atmosphères - au-delà du brûlot sexe/drogue/alcool/Be Bop auquel il est souvent réduit - c’est le travail sur l’image qui permet de transcrire le talent romanesque de Kerouac. De New-York, au Mexique, via Denver et San-Francisco, on la sent cette route, cette ligne blanche qui semble sans fin, synonyme d’un destin libertaire.
On les voit ces cieux au-dessus du « big country », à l’ouest toute ; on ressent l’émotion du Be Bop sous l’influence de narcotiques autorisés ou non. La musique est de ce point de vue particulièrement réussie. On reconnaît Alan Ginsberg (alias Carlo Marx – Tom Sturridge), William Burroughs (alias Old Bull Lee – Viggo Mortensen). Et surtout, on la sent cette amitié entre Jack Kerouac (alias Sal Paradise - Sam Riley) et Neal Cassady (alias Dean Moriarty – Garrett Hedlund), moteur de cette errance, synonyme de liberté et de rupture avec la cadre convenu de l’establishment.
D’une facture classique, c’était sans doute la meilleure approche à concevoir pour transmettre ce qui est apparu en 1957 comme une œuvre provocante. Un paradoxe qui renvoie à l’évolution des mœurs depuis, même si elle régresse ostenticiblement depuis les années 80-90. Peut-être que cette distance passe par la présence de l’actrice culte de « Twilight , Kristen Stewart, égérie des adolescents, qui vont découvrit leur héroïne romantique, éprise de sexe, d’alcool et de drogue. Comme quoi on reste loin des origines quakers des romans de Stephenie Meyer. « Sur la route » ou « L’invitation au voyage ».
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