Sortie d'un documentaire sur le mouvement indépendantiste martiniquais
L’année 1960 entame une décennie marquée par l’indépendance de la plupart des pays colonisés par la France, particulièrement en Afrique subsaharienne. Les idéologies tiers-mondistes, indépendantistes et anticolonialistes ont le vent en poupe. Les anciennes colonies des Amériques (Guadeloupe, Guyane et Martinique), quant à elles, sont devenues des départements français d’Outre-mer en 1946.
Dans ce contexte, et à la surprise générale, des immenses banderoles surgissent sur les murs de tous les bâtiments publics de la Martinique, à l’aube du 23 décembre 1962. Elles portent l’inscription suivante : « La Martinique aux Martiniquais ». Un slogan iconoclaste pour l’époque.
Cet acte sacrilège pour l’Etat français est l’œuvre de l’Organisation de la jeunesse anticolonialiste de la Martinique (Ojam), qui ne cache pas sa volonté d’indépendance de l’île. Pour les autorités, ce ne sont que des jeunes égarés manipulés et téléguidés par des intellectuels séparatistes résidant à Paris, eux-mêmes bénéficiant d’un soutien logistique du Front de libération nationale algérien (FLN), qui vient de gagner la guerre contre la France.
L’Etat veut couper court à toute velléité affichée d’indépendance, et décide de faire un exemple. En février 1963, dix-huit jeunes Martiniquais membres de l’Ojam et du Parti communistes martiniquais (PCM) sont inculpés pour complot et atteinte à l’intégrité du territoire national. Deux procès suivront, dont un en appel…
« Mon point de vue dans ce nouveau film, c’est un regard non partisan sur l’histoire du nationalisme outre-mer », précise Camille Mauduech. « C’est poser la question de la résistance et pointer, à travers ce film, la volonté d’émancipation des Martiniquais qui existe depuis toujours, depuis l’esclavage, après l’esclavage lors de l’insurrection du Sud en 1870, en décembre 1959 à Fort-de-France, en 1962 dans une volonté de libération nationale tuée dans l’œuf, en 2009 dans une confusion de crise économique inévitablement historique. C’est là que se situe fondamentalement mon point de vue : dans la mise en relation de tous ces éléments comme éléments de réflexion sur la résistance d’un peuple, la question du "marronnage" comme inhérente à l’existence du peuple antillais. »
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