Romain Duris tente d'oublier l'enfer des tranchées dans "Cessez-le-feu"
Emmanuel Courcol le scénariste de nombreux films de Philippe Lioret ("Mademoiselle", "Welcome" ou "Toutes nos envies") passe à la mise en scène avec "Cessez-le-feu". Ce premier film raconte le retour en France d'un soldat traumatisé par la guerre 14-18. Romain Duris campe cet homme qui s'est enfui du pays au lendemain de l'armistice pour oublier la boucherie des tranchées.
Cinq ans après avoir vécu en Afrique, il revient et retrouve tous ceux qu'il avait laissés. Parmi eux, son frère Marcel (Grégory Gadebois) qui a perdu l'usage de la parole et sa professeure (Céline Sallette) dont il va tomber amoureux.
Reportage : Reportage : S. Gorny / E. Cornet / J. Chanteraud / G. Genot / E. Noiret
Un sujet rarement traité au cinéma
A travers le destin de ces deux frères terrassés par la "Grande Guerre", Emmanuel Courcol met en scène le stress post-traumatique de la société française dans la première moitié de la décennie 1920. Un sujet rarement traité au cinéma.La scène d'ouverture dans les tranchées est capitale pour raconter l'horreur. "On a mis une journée à installer un long plan séquence qui est fait avec une grande grue installée à l'extérieur de la tranchée, qui rentre avec le bras à l'intérieur sur ses 200m", explique Romain Duris. "C'était donc une longue répétition, qui a duré une journée, où tout a été mis en place : fumée, bombe, etc. Le lendemain, on a tourné ce qu'on avait installé la veille. J'ai trouvé cela très habile", confie l'acteur à Thierry Fiorile de France Info.
Une histoire personnelle face à l'Histoire universelle
Habitué à l'écriture de scénario, Emmanuel Courcol signe avec "Cessez-le feu", une fresque historique et un portrait intimiste. "C'est mon histoire familiale. Mon grand-père a fait la guerre, même si je ne l'ai pas connu il y avait ça dans la famille ", raconte le cinéaste à la Voix du Nord. Dans toutes les familles françaises, il y a eu des Georges et des Marcel, blessés invisibles, mais traumatisés à vie. Le réalisateur a d'ailleurs dédié ce film à son grand-père, Léonce, un poilu ordinaire, un survivant de cette guerre, qui fit en France 6,5 millions de blessés. Partis la fleur au fusil pour sauver la France, ces jeunes hommes revenaient dévastés. "Les pauvres gars qui s'étaient battus pendant des années ne revenaient pas en héros mais avec des drames intérieurs et aucun remerciements", souligne Romain Duris.La douleur persistante
Emmanuel Courol place l'action de son film en 1923. Au début des années Folles, la France se relève doucement et rêve de tourner la page. Mais la blessure pour certains est trop profonde. Victimes de ce qu'on appelle les "symptômes du stress post-traumatique" ces soldats étaient les oubliés de la médecine. Pour ces hommes, un retour à la vie civile était quasi impossible. "Sous l'effet de la terreur ils développaient des pathologies assez incompréhensibles en l'absence de toutes lésions neurologiques", explique Emmanuel Courcol. A l'image de Marcel incarné par Grégory Gadebois, le frère de Georges. Muré dans le silence, l'ancien soldat a perdu l'usage de la parole. Pour l'aider à parler de nouveau, il y a Hélène (Céline Sallette), une professeure de langue des signes dont Georges va tomber amoureux."Cessez-le-feu" - film français d'Emmanuel Courcol avec Romain Duris, Celine Sallette et Gregory Gadebois - Sortie le 19 avril 2017 - 01h43
SYNOPSIS : 1923. Georges, héros de 1914 fuyant son passé, mène depuis quatre ans une vie nomade et aventureuse en Afrique lorsqu'il décide de rentrer en France. Il y retrouve sa mère et son frère Marcel, invalide de guerre muré dans le silence. Peinant à retrouver une place dans cet Après-guerre où la vie a continué sans lui, il fait la rencontre d'Hélène, professeure de langue des signes avec qui il noue une relation tourmentée
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