"Tyrannosaur" : deux vies de chien
Synospsis : Dans un quartier populaire de Glasgow, Joseph est en proie à de violents tourments à la suite de la disparition de sa femme. Il rencontre Hannah, très croyante, qui tente de réconforter cet être sauvage. Mais derrière son apparente sérénité se cache un lourd fardeau : elle a sans doute autant besoin de lui, que lui d’elle.
Violence sociale
Le cinéma britannique a une propension unique à traiter les thèmes sociaux : Karel Reizs, Ken Loach, Lindsay Anderson, chantres du Free cinema dans les années 60 - équivalent de la Nouvelle vague française - perdurent leur influence chez un Mike Leigh ou aujourd’hui Paddy Considine qui signe avec « Tyrannosaur » son premier long métrage, coup de poing, c’est le cas de le dire.
La violence est souvent identifiée à la gent britannique – les bagarres entre rockers et mods des années 60, le hooliganisme… Elle s’exprime dans « Tyrannosaur » par le comportement de Joseph qu’interprète à la perfection un Peter Mullan toujours inspiré. Veuf, solitaire, rentré, violent dans ses excès de boisson, il rencontre Hannah, interprétée par une subtile Olivia Coleman (qui trouve son premier rôle dramatique), dévote et victime des coups que lui assène son mari.
Apre rédemption
La violence de Joseph et celle de James (dérangeant Eddie Marsan), le mari d’Hannah, est toujours regrettée… après coup. Mais elle se renouvelle, inlassablement comme on succombe à une addiction. Ecorchés de la vie, agresseur, comme agressée, Joseph et Hannah ne vont pas pouvoir s’empêcher de se rapprocher et, pourquoi pas, s’aimer. Mais le chemin est loin d’être balisé et les faiblesses, qu’elles soient passives (subies) ou actives (agressives) sont partagées.
Ainsi, Joseph et Hannah vont faire chacun une partie du chemin pour aller l’un vers l’autre, comme indépendamment de leur volonté. C’est l’acte que va commettre Hannah, véritable coup de théâtre, qui va faire basculer Joseph. Cela ne se fera pas sans mal, mais le processus semble irréversible, comme un mal pour un bien. Paddy Constantine a développé dans « Tyrannosaur » un court métrage précédemment réalisé. Prenant le parti pris d’une mise en scène âpre, elle sert parfaitement son propos, où ses abimés de la vie renouent avec l’espoir dans l’adversité.
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