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"The Descendants" : Clooney à fleur de peau

De Alexander Payne (Etats-Unis), avec : George Clooney, Shailene Woodley, Amara Miller, Nick Krause, Patricia Hastie - 1h50 - Sortie : 25 janvier
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
George Clooney et Shailene Woodley dans "The Desendants" de Alexander Payne
 (Twentieth Century Fox France)

Synopsis : A Hawaï, Matt King voit sa femme plongée dans un coma profond et apprend qu'elle le trompait. Avec ses deux filles de 10 et 17 ans, il entreprend d'aller à la rencontre de cet amant qu'il ne connaît pas, alors qu'en tant que curateur il doit gérer la vente d'une immense parcelle sauvage de l'île...
 

Apprentissage familial
Le récit d’apprentissage et la famille sont au cœur de la fiction américaine, romanesque comme cinématographique. « The Desendants », d’Alexander Payne, lauréat de deux Golden Globes - meilleur film dramatique et meilleure interprétation masculine pour George Clooney - ne s’en départage pas en traitant les deux d’un même concert.

Faisant face à l’incurabilité de son épouse, Matt King (Clooney) doit apprendre à cohabiter avec ses deux filles, desquelles il était jusqu’alors passé totalement à côté. Son aînée, Alexandra, placée en pension pour  ses frasques passées, va elle aussi apprendre ce père qu’elle méprise pour son affairisme qui l’empêche d’avoir toute emprise sur son environnement, familial au premier chef, à l’inverse d’une mère maîtresse d’elle-même et éprise de sports dangereux, ce qui lui sera fatal. A son image, Alexandra et Scottie, sa cadette, font preuve de maturité, alors que Matt, malgré son statut d’avocat et de curateur des biens familiaux, passe pour un irresponsable, inconscient de ce qui se joue sous son propre toit. Ainsi l’adultère dont il est victime et qu’il semble être le seul à avoir ignoré.

George Clooney, Shailene Woodley et Amara Miller dans "The Descendants" d'Alexander Payne
 (Twentieth Century Fox France)

Curatelle
La révélation de cette liaison va avoir un effet curateur sur Matt, acculé à prendre des décisions qui vont le mener à se prendre en main, entraînant une reconnaissance progressive de ses filles à son égard, pour aboutir à une véritable prise en charge de sa propre vie. En parallèle, Alexandra va se laver de ses frasques passées, symptôme d’une adolescence en crise qui entre dans l’âge adulte. Ce qui pourrait passer pour un poncif se révèle d’une subtilité et sensibilité jubilatoires dans « The Descendants ».

D’abord pour l’écriture, précise et juste d’un script fondé sur une situation a priori sans surprise et qui les multiplie comme on enfile un collier de perles. Le décor paradisiaque hawaïen, derrière lequel se joue des réalités communes au reste de l’humanité - comme le rappelle Matt en introduction - participe d’une apparente oisiveté déduite de l’exotisme, derrière laquelle se joue des drames. La curatelle que mène Matt, fil rouge tout le long du film, induit la réalité hawaïenne et un discours sur l’héritage, sur ce que lèguent les aînés à leurs descendants, thème au cœur du film.

L’humour, la légèreté de ton recoupent le sentiment des apparences trompeuses qui participe du sujet décliné sur des thèmes profonds et complémentaires qui donnent à « The Desendants » un parfum de vie assez unique. Enfin, George Clooney, à contre-emploi, campe un personnage lunaire au sortir de sa bulle, d’une drôlerie incomparable, avec une justesse de ton renversante. Jean Dujardin aura fort à faire face à la reconnaissance de cette subtilité de jeu qui pourrait bien lui coûter l’Oscar le 26 février.

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