"Royal Affair" : un Danemark XVIIIe siècle politique et romanesque en diable
De Nikolaj Arcel (Danemark) : Mads Mikkelsen, Alicia Vikander, Mikkel Boe Folsgaard - 2h16 - Sortie : 21 novembre
Synopsis : Danemark 1770. La passion secrète que voue la reine Caroline Mathilde au médecin du roi, l’influent Struensee, va changer à jamais le destin de la nation toute entière. Royal Affair relate une page capitale de l’histoire danoise, oubliée des manuels français. La relation amoureuse et intellectuelle entre Caroline Mathilde et Struensee, fortement influencée par les philosophes des Lumières, Rousseau et Voltaire en tête, conduira au renversement de l’ordre social établi, et annoncera les révolutions qui embraseront l’Europe vingt ans plus tard.
Une Histoire romanesque
Film historique, « Royal Affair » retrace une intrigue survenue dans la cour du Danemark au XVIIIe siècle qui aura des répercutions majeures sur le pays, toujours visibles. Une histoire où s’entremêlent passion et politique. Anglaise, Caroline Mathilde est mariée au roi du Danemark Christian VII, atteint de bouffées délirantes, dont profitent des conseillers conservateurs et corrompus. Quand arrive le médecin Johann Friedrich Struensee, aux idées libérales et humanistes issues des Lumières, les conséquences sur le royaume vont être considérables, tout comme son amour adultérin pour la reine.
La première partie de la vie de la reine Mathilde n’est pas sans rappeler celle de Marie-Antoinette. Déracinée, mariée à un roi qui la délaisse, réduite à être la génitrice d’une royale descendance, ses frasques adultérines instrumentalisées vont, comme pour la reine de France, précipiter son destin. Nikolaj Arcel, qui signe « Royal Affair » est également l’auteur du script, récompensé du Prix du meilleur scénario au dernier Festival de Berlin. Son sujet, inconnu sous nos latitudes, est un fait historique reconnu pour être à l’origine du Danemark moderne, en appliquant les idées des Lumières, avant même la France. Cela ne s’est pas fait sans mal.
La voie royale
Nikolaj Arcel ne pouvait pas ne pas respecter les faits, connus de tous au Danemark. Romanesques en soient, il suffisait de les dramatiser quelque peu pour les transmettre à l’écran. Au-delà de la qualité d’écriture, il est servi par un trio de comédiens remarquables : Madds Mikkelsen en Struensee, Mikkel Boe Folsgaard, en Christian VII – Prix d’interprétation à Berlin -, et Alicia Vikander en reine Mathilde que l’on verra bientôt dans « Anna Karina » de Joe Wright.
Le cinéaste a fait le choix d’une facture classique, sans grands effets de mise en scène, son sujet se suffisant à lui-même. Grand bien soit-il. Il n’en reconstitue pas moins le XVIIIe siècle danois avec minutie et une beauté époustouflante, qui renvoient au modèle du genre, ni plus ni moins, « Barry Lyndon » de Stanley Kubrick. Historique, romanesque, esthétique sans être esthétisant, idéologique et passionnant de bout en bout : royal.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.