"Parlez-moi de vous" : solitude bien ordonnée
À 40 ans, Mélina est la voix la plus célèbre de France. Dans la vie, elle évite tout contact et vit comme une vieille fille dans les beaux quartiers. Elle part incognito à la recherche d’une mère qu’elle n’a jamais connue...
Psycho-rigide
"Parlez-moi de vous" n’est pas un film sur une animatrice radio. "Parlez-moi de vous" est un portrait de femme abandonnée qui compense sa solitude en se cachant derrière un micro pour s’occuper des autres, ce qu’elle ne demande surtout pas pour elle-même. Le premier long métrage de Pierre Pinaud reconstitue son cheminement pour sortir de l’impasse dans laquelle elle se complait. Pas sûr qu’elle y parvienne.
Karin Viard donne une crédibilité remarquable à son personnage de psychotique hygiéniste, maniaque de l’ordre et de l’anonymat, alors qu’elle se frotte aux confidences de tout ordre de la part de ses auditeurs, qui en ont fait la voix la plus connue et vénérée de France. La devise de Mélina pourrait être "faites ce que je dis et pas ce que je fais". Jusqu’à ce qu’elle retrouve la trace d’une mère qu’il l’a abandonnée toute jeune. Des retrouvailles qui vont la mettre au pied du mur. Pas sûr qu’elle en réussisse l’ascension.
Mélina est une contradiction incarnée qui a sa raison d’être dans ses origines. Ce pourquoi elle remonte vers elles pour la résoudre. Si le principal atout de "Parlez-moi de vous" réside dans l’interprétation de Karin Viard, celui qui vient tout de suite après est le scénario qui ne tranche jamais quant à la réussite du parcours initiatique dans lequel s’engage Mélina. Ce que le film expose, c’est sa souffrance, sa tentative de résolution, mais pas forcément son aboutissement.
Voix ouverte
Que Mélina évolue, c’est certain, mais Pierre Pinaud s’intéresse plus au parcours qu’à son but. A la fin du film, elle a avancé, mais n’a pas terminé son chemin. Une subtilité psychologique pas toujours au rendez-vous d’une comédie dramatique. Car s’il y a drame, il y a aussi humour dans "Parlez-moi de vous", ce qui absout le film d’une lourdeur toujours crainte quand l’on aborde un sujet aussi contemporain que la solitude et la quête d’amour. Même si le film n’est pas exempt du surlignage de certains traits.
Pierre Pinaud fait comme du gimkhana entre les composantes de son film, mais évite l’écueil en laissant les portes ouvertes. La direction d’acteurs n’y est pas pour rien, avec des seconds rôles tout en justesse, notamment un Nicolas Duvauchelle émouvant, et une caméra amoureuse de son actrice qui, comme le rôle à la voix d’or qu’elle incarne, trouve sa voie.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.