"Les Femmes du bus 678" : le cinéma égyptien pour la cause féministe
Synopsis : Fayza, Seba et Nelly, trois femmes d’aujourd’hui, aux vies totalement différentes, s’unissent pour combattre le machisme impuni qui sévit au Caire dans les rues, dans les bus et dans leurs maisons. Déterminées, elles vont dorénavant humilier ceux qui les humiliaient. Devant l’ampleur du mouvement, l’atypique inspecteur Essam mène l’enquête. Qui sont ces mystérieuses femmes qui ébranlent une société basée sur la suprématie de l’homme ?
L’affaire Noha Rushdi en toile de fond
Après « Femmes du Caire » de l’Egyptien Yousry Nasrallah en 2009, son compatriote Mohamed Diab traite à son tour de la condition de la femme dans la société égyptienne dans « Les Femmes du bus 678 », Prix du jeune public et du public au dernier Cinémed - Festival Méditerranéen de Montpellier 2011.
Mettant en perspective trois femmes qui n’auraient jamais du se rencontrer, elles ont en commun de subir une société qui fait prévaloir l’homme sur la condition féminine et qui vont s’unir pour y faire face et la contrer. Mohamed Diab traite en premier lieu de l’affaire Noha Rushdi, cette jeune femme égyptienne qui, en 2008, porta plainte pour la première fois pour harcèlement sexuel dan son pays, en parvenant à faire condamner son agresseur à trois ans de prison, et entraînant du même coup le délit dans le code pénal égyptien.
Le cinéma au service de la société
Les diverses formes de harcèlement que décrit Mohamed Diab dans « Les Femmes du bus 678 » proviennent de témoignages recueillis auprès de victimes par le cinéaste. Son film n’en est pas pour autant un documentaire, tant il insuffle une dimension dramatique à son récit, servi en cela pas trois comédiennes remarquables : Nahed El Sebaï, Bushra Rozza et Nelly Karim. Cette dramatisation passe également par une enquête policière hors du commun, instigatrice d'un suspense bien mené.
Si le sujet est frontalement la question du harcèlement sexuel en Egypte, il s’élargit à la condition féminine dans la société musulmane, au centre du cinéma local, avec le précité « Femmes du Caire », mais également « One-zero », encore de l’Egyptien Kamla Abu Zekry, que cite Mohamed Diab comme référence sur le harcèlement, mais également « Après la bataille » (projeté à Cannes), où Yousry Nasrallah revient sur un discours féministe dans le contexte du printemps arabe au Caire. Un tabou a été déverrouillé en Egypte et le cinéma travaille à la pérennité de cette ouverture, source d’un renouvellement sociétal majeur.
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