"L'Empereur de Paris" : Vincent Cassel en parfait Vidocq dans un film spectaculaire
De bagnard à chef de la Sûreté
Vidocq a fait les beaux jours de la télévision française dans les années 60-70 avec deux célèbres séries et dans le rôle-titre d’abord Bernard Noël, puis Claude Brasseur qui y gagna une bonne partie de sa popularité. Plus discret au cinéma, Vidocq fit l’objet d’une adaptation désastreuse avec Gérard Depardieu signée Pitof en 2001. Le personnage, tour à tour délinquant, bagnard, indicateur, policier, chef de la Sûreté, puis détective privé, mais aussi écrivain, fait enfin l’objet d’un biopic digne de ce nom sous la direction du talentueux Jean-François Richet.A la fin du XVIIIe siècle, Eugène-François Vidocq, multirécidiviste et roi de l’évasion, échappe une fois de plus à ses geôliers et devient drapier sur les marchés. Mais son passé le rattrape et il tombe dans un guet-apens qui le fait accuser de meurtre. Il propose alors d’offrir ses services à la police comme indicateur pour racheter sa dette à la société. Sa connaissance du milieu porte ses fruits et son efficacité le fera entrer officiellement au sein de la Sûreté de la préfecture de police de Paris.
Reportage : P. Deschamps / A Zouioueche / P. Crapoulet / J-M. Perroux / Animation : E. De Pourquery
Une tradition française
Vidocq fut une légende de son vivant avec la publication de ses "Mémoires" en quatre volumes jusqu’en 1827. Pseudo-autobiographie, puisque co-écrite par des "teinturiers" (écrivains fantômes dit-on aujourd’hui), elle est sans doute édulcorée à la gloire d’un parcours atypique dans l’histoire de la pègre et de la police française du début du XIXe siècle. Si l’on sent cette influence dans le film de Jean-François Richet, force est de reconnaître que la reconstitution historique du Paris des années 1800 est des plus spectaculaires, avec un visuel réaliste : une capitale surpeuplée, sale et dangereuse où le crime est à chaque coin de rue et la violence omniprésente.De plus, Richet multiplie des images de Paris sous des angles inattendus, en plongée au-dessus des toits, où les travellings dans les ruelles obscures s’opposent aux cadres académiques sous les dorures des palais… Le casting est peuplé de trognes improbables, avec au premier chef un Denis Lavant hargneux contre Vidocq, parfait. Patrick Chesnais est vacillant à souhait en chef de la Sûreté, et Fabrice Luchini est à sa place en Fouché hautain. Quant à Vincent Cassel, le charisme de l’acteur convient parfaitement à celui d’un Vidocq sûr de lui et de son destin.
La romance complète ce film qui renoue avec la tradition d’un cinéma français oublié : "Fanfan la Tulipe", "Cartouche", la série "Angélique", "Le Bossu"… Les rivalités amoureuses teintées d’intrigues de palais complètent un récit historique de fantaisie qui n’en délaisse pas moins une certaine historicité, même si l’objectif est avant tout de distraire. Jean-François Richet privilégie l’épique avec un sujet qui s’y prête et une mise en scène au diapason. Une réussite qui pourrait se prolonger dans une suite consacrée à la deuxième partie de la vie de Vidocq comme il l’avait fait pour "Mesrine". C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
LA FICHE
Réalisateur : Jean-François Richet
Pays : France
Acteurs : Vincent Cassel, Freya Mavor, Denis Ménochet, August Diehl, Denis Lavant, Patrick Chesnay, Fabrice Luchini, Olga Kurylenko, James Thiérée
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Sortie : 19 décembre 2018
Synopsis :Sous le règne de Napoléon, François Vidocq, le seul homme à s'être échappé des plus grands bagnes du pays, est une légende des bas-fonds parisiens. Laissé pour mort après sa dernière évasion spectaculaire, l'ex-bagnard essaye de se faire oublier sous les traits d'un simple commerçant. Son passé le rattrape pourtant, et, après avoir été accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis, il propose un marché au chef de la sûreté : il rejoint la police pour combattre la pègre, en échange de sa liberté. Malgré des résultats exceptionnels, il provoque l'hostilité de ses confrères policiers et la fureur de la pègre qui a mis sa tête à prix...
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