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"Faut savoir se contenter de beaucoup" : Noël Godin et Jean-Marc Rouillan en voyage en Utopie

L'un s'est fait connaître en entartant des célébrités, l'autre a été l'un des membres du groupe Action Directe. Ces deux là se retrouvent sur un point : leur envie de révolution. Et les voilà embarqués dans un improbable road-movies dans la France de la contestation radicale. Un OVNI cinématographique.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Noël Godin et Jean-Marc Rouillan dans "Faut savoir se contenter de beaucoup" 
 (Entre2Prises )

Longtemps, on l'a surtout entendu japper ses "gloup, gloup, gloup" au moment de balancer ses tartes crémeuses à la face de ses têtes de turcs, incarnations selon lui des pouvoirs et idéologies dominantes. De Marguerite Duras à Bill Gates, en passant par Nicolas Sarkozy, PPDA ou Jean-Luc Godard, ils sont nombreux à avoir été entartés par Noël Godin, dit "Le Gloupier". Avec un traitement particulier pour Bernard Henry Levy, attaqué huit fois par les terroristes pâtissiers ! Mais Noël Godin est aussi un érudit, incollable sur la littérature anarchiste et révolutionnaire en particulier.

Le terrorisme, lui, il l'a pratiqué de façon moins imagée, autrement violente : Jean-Marc Rouillan a été au cœur de l'aventure sanglante d'Action Directe. Condamné avec ses camarades Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani pour l'assassinat de René Audran et de Georges Besse, PDG de Renault, Jean-Marc Rouillan a écopé de la réclusion a perpétuité en 1989. Il a fini par sortir de prison une première fois en 2007. Un juge l'y a renvoyé après une interview dans laquelle il refusait de renoncer à la lutte armée. Il est ressorti en 2011, malade, mais toujours aussi révolté.

Le réalisateur Henri Meunier a eu l'idée de réunir et d'envoyer sur la route ces deux rebelles, en quête de révolution, pour "un road movie burlesque et subversif". Burlesque, le film l'est, incontestablement. L'entarteur ne lâche pas son cartable, il a mal aux pieds et se déplace difficilement, l'activiste se traîne lui aussi, la révolution attendra encore un peu, les utopistes sont fatigués.

Godin, fasciné par son compagnon, le voit en flibustier, en héros romantique. L'autre est plutôt du genre taiseux et ne décroche pas un sourire, même lorsque qu'une exubérante cantatrice lui caresse le crâne avec l'archer de son invisible violon. Il y a un prétexte, tout de même : Godin-Rouillan vont de garage en garage, à la recherche d'une Cadillac noire… mais se déplacent en Fiat, ou à pieds le long des voies ferrées.
  (Entre2Prises )
Ils visent Barcelone, Brindisi et la Grèce, ils ne dépasseront pas Toulouse. L'important n'est pas là, ce sont leurs rencontres qui pimentent le film. C'est un peu le tour de France (et de Belgique) de la contestation radicale que le duo réalise. On y croise un slameur, des piliers de bistrot, des activistes des Zones à Défendre, des situationnistes, des FEMEN ou des chanteuses réalistes. Et même un Sergi Lopez en gitan.

Quand certains de ces compagnons de lutte lui avouent préférer "une révolution par l'amour", Rouillan se cambre. "Dis donc, on est pas arrivés…". Lui ne desserre pas les dents, peu sensible aux envolées lyriques de son compagnon de voyage, la révolution c'est du sérieux.

LA FICHE

Film français de Jean-Henri Meunier – Avec Jean-Marc Rouillan, Noël Godin et Sergi López. – Durée : 1h20 – Sortie : 10 février 2016
Synopsis : la révolution, c'est pas de la tarte, même pour Noël, agitateur anarcho-burlesque et impérial trublion de l'internationale pâtissière. Et comme le chemin est long du grand soir à l'aube radieuse, autant le faire en Cadillac. Avec pour compagnon, un contestataire "historique", Jean-Marc Rouillan,

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