"Blanche Neige et le chasseur" : noir, c'est noir
Synopsis : Dans des temps immémoriaux où la magie, les fées et les nains étaient monnaie courante, naquit un jour l’unique enfant d’un bon roi et de son épouse chérie : une fille aux lèvres rouge sang, à la chevelure noire comme l’ébène et à la peau blanche comme neige. Sa beauté vient entacher la suprématie de l’orgueilleuse Reine Ravenna et déclencher son courroux. Sa seule et unique rivale a été formée à l’art de la guerre par le chasseur qu’elle avait elle-même envoyé pour la capturer. Alliant leurs forces, Blanche-Neige et le chasseur vont fomenter une rébellion et lever une armée pour reconquérir le royaume de Tabor et libérer son peuple du joug de l’impitoyable Ravenna.
Un conte de Dark fantasy
Deuxième adaptation du célèbre conte des frères Grimm depuis le début de l’année, après la version signée Tarsem Singh avec Julia Roberts en méchante reine, « Blanche Neige et le chasseur » s’éloigne un peu plus de sa source, dans un film épique qui joue la carte de la « Dark fantasy ». Atout de ce premier film de Rupert Sanders, une sublime reine maléfique interprétée par Charlize Theron et une Blanche Neige guerrière campée par Kristen Stewart.
C’est loin d’être la seule qualité de cette mouture au scénario peaufiné et aux images magnifiques, dont la teneur n’est pas sans rappeler la sophistication et la précision de celles d’un Ridley Scott. Pas étonnant, Rupert Sanders comme son aîné ont été formé à l’école de la publicité. Le jeune réalisateur ne tombe toutefois pas dans l’ornière d’une simple illustration ou du clip. La direction artistique reconstitue un moyen-âge obscure et boueux dominé par un château ténébreux habité par une reine d’une beauté époustouflante, plus sorcière que souveraine.
Blanche Neige nouvelle Jeanne d'Arc
C’est bien connu, les contes ne sont pas des bluettes, mais des textes plein de cruauté aux vertus initiatiques. Un décryptage du monde sous forme métaphorique à destination des enfants. « Blanche Neige » est un des contes les plus célèbres, le cinéma n’y étant pas pour rien, Walt Disney l’ayant choisi comme sujet du premier dessin animé de long métrage jamais réalisé, en 1937. Plus d’un enfant a à ce titre été effrayé par la traversée de la forêt hantée et plus d’un adulte se souvient encore de cette expérience originelle, symbole d’une confrontation première au monde extérieur, dans lequel abondent les épreuves de la vie.
Cette forêt hantée, est le lieu clé de l’histoire, sanctuaire où se réfugie l’héroïne qui va y recevoir son initiation de guerrière, par celui-là même qui est à sa poursuite - le fameux chasseur du titre -, mais également la révélation de son destin. Conformément à certaines versions du conte, les sept nains se révèlent être une bande de voleurs de grands chemins qui participent de son initiation. Cette Blanche Neige, pétrie d’innocence et de vitalité, va se transformer, mûrir pour devenir une Jeanne d’Arc, avec pour mission de fédérer la population du royaume contre l’usurpatrice reine.
Rupert Sanders parvient à nous convaincre avec cette relecture du conte de Grimm qu’il complexifie en l’alimentant de plus d’un morceau de bravoure. Comme la confrontation avec le troll, la découverte de la forêt enchantée et la rencontre avec le Grand cerf blanc, les batailles avec les guerriers fantomatiques de la reine maléfique et ses transformations en essaim de corbeaux… Une magnifique interprétation, tant dans l’écriture que l’image. Mais que l’on ne s’y trompe pas, ce « Blanche Neige et le chasseur » n’est pas destiné aux enfants, le distributeur se fendant même d’un avertissement à destination des âmes sensibles qui pourraient être heurtées par certains côtés de ce film ténébreux, en tout point maîtrisé et beau.
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