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"Palma Real Motel" : des "heures creuses" si sensuelles
Dans un lieu assez fascinant – un motel fatigué de la côte mexicaine prisé par les couples adultères – un adolescent et une femme plus âgée vont partager quelques heures très intimes. Aaron Fernandez, dont c'est le deuxième long-métrage, parvient à y installer une ambiance envoûtante.
Publié
Temps de lecture : 2min
La note Culturebox
4 / 5 ★★★★☆
4 / 5 ★★★★☆
Film franco-mexicain de Aaron Fernandez – avec Kristyan Ferrer et Adriana Paz – Durée : 1h40 – Sortie : 23 juillet 2014
Synopsis : Sur la côte de Veracruz, Sebastian, 17 ans, doit reprendre seul la direction du petit motel de son oncle. Il loue les chambres à l’heure à des couples adultères et des amants de passage. Parmi eux, une belle jeune femme, Miranda, vient régulièrement retrouver un homme marié qui lui fait souvent défaut. Pendant ces heures creuses, Sebastian et Miranda font peu à peu connaissance et laissent s’installer entre eux une troublante complicité Aaron Fernandez filme avec beaucoup de délicatesse et d'élégance la rencontre de deux solitudes, cette intimité qui naît entre un adolescent timide et une maîtresse délaissée. Entre eux, un point commun : l'ennui. Les "heures creuses". Elle n'en peut plus d'attendre un amant qui n'arrive pas. Lui se sent piégé dans ce motel fatigué dont son oncle lui a confié la gérance pour une durée de plus en plus indéterminée.
L'image est sobre malgré les couleurs vives des pavillons décrépis, dont la peinture s'écorne, rongée par les embruns. Les plans sont longs, répétitifs, et pourtant toujours riches, comme ce singulier ballet de voitures qui filent se garer au bord des chambres discrètes. Le Palma Real Motel est un temple de l'amour, et, plus précisément de la relation extra-conjugale. Qui se cache derrière les gémissements qui s'échappent : des couples illégitimes, des prostituées et leurs clients, un riche propriétaire avec son ouvrier… Sebastian observe et se tait, organisateur pragmatique de ce petit commerce qu'il faut bien faire tourner.
La belle Miranda apporte au film une puissante touche sensuelle. Sur sa personnalité réelle, le réalisateur entretient longtemps le mystère. Est-elle la femme libre qu'elle proclame, qui s'assume dans ce rôle, dont, dit-elle "ne prend que les avantages" ? Ou cache-t-elle une profonde tristesse derrière ce vernis ? Peu à peu, Miranda tombe le masque… Sur un thème souvent évoqué au cinéma (l'éducation sentimentale d'un jeune homme par une femme plus mûre), Aaron Fernandez réussit à nous surprendre avec ce joli film intimiste et charnel.
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