"Oh Boy !" : du sang neuf dans le cinéma allemand
De Jan Ole Gerster (Allemagne), avec : Tom Schilling, Friederike Kempter, Marc Hosemann (1h28) - Sortie : 5 juin 2013
Synopsis : Niko, Berlinois presque trentenaire, éternel (faux) étudiant et rêveur incorrigible, s’apprête à vivre les vingt-quatre heures les plus tumultueuses de son existence : sa copine se lasse de ses indécisions, son père lui coupe les vivres et un psychologue le déclare « émotionnellement instable ». Si seulement Niko pouvait se réconforter avec une bonne tasse de café ! Mais là encore, le sort s'acharne contre lui...
« Oh Boy ! » est une excellente nouvelle pour un cinéma allemand moribond et européen, en s’arrogeant un indéniable statut de film d’auteur tout en s’avérant ludique et distractif à souhait. Filmé dans un très beau noir et blanc, le procédé colle comme rarement à une évocation urbaine, donnant une très juste et poétique image de Berlin. Anecdotique dans sa chronique sur 24 heures de la vie d’un trentenaire, « Oh Boy ! » développe un ton à part dans ce qui aurait pu se limiter à une comédie générationnelle de plus.
Il y a un petit côté Nouvelle Vague, totalement assumé et revendiqué par Jan Ole Gerster, d’où, sans doute, ce sentiment à l’égard de la ville qui soutient tout le film. Une impression renforcée par la musique jazzy de Cherilyn McNeil et des Majors Minors, une toute jeune formation de Jazz. Si tout tourne autour de Niko, jeune homme désinvolte qui se cogne aux aléas d’une vie qui tourne à vide, on ne sait pas grand-chose de lui. Aussi, « Oh Boy ! » nous en dévoile un peu plus sur lui au fil des rencontres qui ponctuent cette journée ordinaire et pourtant pas comme les autres.
Picaresque
Sans le sou, au terme d’une histoire d’amour qui ne l’enthousiaste guère, en rupture de banc parental, heureusement que les amis demeurent pour Niko, même s’ils sont rares, et que sa rencontre inopinée avec Juilka pourrait bien lui faire passer un cap en le sortant de sa coquille. Continuellement en mouvement, ne cessant de traverser les rues, à pied, en voiture, en quête d’un café qui ne cesse de lui échapper, Niko et le film ont quelque chose d'un roman picaresque transposé au XXIe siècle.
Récit initiatique d’un jeune adulte, ironique dans sa vision d’un Berlin underground, drôle à plus d’un titre dans ses situations et le fil rouge de l’impossibilité de boire un café, « Oh Boy ! » touche juste à tous les étages, laissant au vestiaire toute prétention, mais développant une belle cinématographie, de l’image, à la narration en passant par des personnages truculants et attachants. Une belle réussite pour ce nouveau cinéaste au ton revigorant et prometteur.
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