"Nuits magiques" : mort et renaissance du cinéma italien dans un film hommage
Figure du renouveau du cinéma italien, Paolo Virzi sort "Nuits magiques" sur la crise du 7e art dans les années 1980-90 en Italie.
Après le réjouissant Folles de joie, et le moins convaincant mais tendre L’Echappée belle, l’Italien Paolo Virzi revient avec Nuits magiques sur la crise du cinéma italien des années 1980-90. Il subissait alors les affres de l’ère Berlusconi et du tout télévision. Drôle, nostalgique et malin, Nuits magiques sort en salle mercredi 14 août.
Once Upon a Time... in Roma
Alors que Quentin Tarantino sort la même semaine Once Upon a Time… in Hollywood, sur la fin d’une ère du cinéma américain à la fin des années soixante, avec Nuits magiques, Paolo Virzi fait un peu le même constat pour le cinéma italien à l’aube des années 90. Sans doute les plus noires subies par la profession en Italie.
Leandro Saponardo (Giancarlo Giannini), grand producteur romain, meurt dans un accident de voiture. Il avait passé la soirée avec trois jeunes scénaristes qui, arrêtés par la police, exposent les raisons de leur présence à ses côtés avant que son véhicule plonge dans le Tibre. Tous trois présents à Rome pour la remise d’un prix du scénario, Antonio, Lucianno et Eugenia cohabitent dans le même appartement et s’échinent à faire adapter leur premier scénario au grand écran. Raison pour laquelle ils se trouvaient avec Saponardo. De pools de scénaristes, en cocktails, de producteurs en agents, en passant sur le tournage du dernier film de Fellini, l’histoire tragi-comique de la fin d’une ère.
Nostalgique et optimiste
Nuits magiques a comme un air de Dolce Vita, où le journaliste dandy Marcello (Mastroianni) laisserait sa place à trois scénaristes en goguette, et où leur profession remplacerait celle des paparazzis du film de Fellini. Comme l’œuvre de 1960, celle de Paolo Virzi se passe la nuit et traverse le monde du cinéma. Nuits magiques se déroule en 1990, année du dernier film réalisé par Il Maestro, La Voce de la Luna, dont est reconstitué le tournage du dernier plan. La séquence rappelle d’ailleurs celle des enfants prédicateurs de La Dolce Vita. Le moment est charnière pour Paolo Virzi qui y projette le chant du cygne du cinéma italien, parmi d’autres indices.
Sans jamais être nommé, la figure de Silvio Berlusconi plane sur le film à l'évocation de la domination du télévision sur le cinéma. Amorcé depuis le début des années 80, le processus devient un crève-cœur pour le 7e art italien qui perd ou a déjà perdu ses auteurs et acteurs d’un âge d’or révolu. Exit les Rossellini, Risi, Fellini, de Sica, Pasolini, Toto, Gassman, Sordi, Tognazzi… personne ne les remplace. Et Antonio, lauréat d’un prestigieux prix du scénario dans le film, se voit contraint d'accepter que son script soit adapté non plus au cinéma mais sous la forme d'une série télévisée.
Si le canevas de Nuits magiques peut sembler cousu de fil blanc, Paolo Virzi apporte une belle élégance à sa mise en scène et à ses images. En faisant appel à Giancarlo Giannini pour interpréter son producteur en perte de vitesse, Ornella Muti en star déchue, et Marina Rocco en vedette fofolle de la télévision, le réalisateur joue d’une nostalgie, mais démontre en même temps combien le cinéma italien est bien vivant et regagne ses galons.
La fiche
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Paolo Virzi
Acteurs : Mauro Lamantia, Giovanni Toscano, Irene Vetere, Giancarlo Giannini, Marina Rocco, Ornella Muti, Jalil Lespert
Pays : Italie
Durée : 2H05
Sortie : 14 août 2019
Distributeur : Bac Films
Synopsis : Lorsqu'un producteur de renom est retrouvé mort dans le Tibre, les premiers suspects sont trois jeunes aspirants scénaristes. Au cours d'une nuit au commissariat, ceux-ci se remémorent leurs aventures tumultueuses dans les derniers éclats des années glorieuses du cinéma italien.
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