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"Marie Madeleine" échoue dans l'évocation d'une figure polémique des Evangiles

Alors que le féminisme fait l’actualité, une réhabilitation au cinéma de Marie Madeleine tombe bien. Abusivement identifiée à une prostituée par le pape Grégoire Ier au Ve siècle, il faut attendre Vatican 2 (1962-65) pour rétablir la seule femme qui suivit Jésus avec les apôtres et fut l’annonciatrice de sa résurrection. Malheureusement, le film de Garth Davis ("Lion") passe à côté de son sujet.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Joaquin Phoenix et Rooney Mara dans "Marie Madeleine" de Garth Davis
 (Universal Pictures International France )

Erreur de casting

"Marie Madeleine" de Garth Davis, c’est d’abord une erreur de casting. Confier le rôle de Jésus à Joaquim Phoenix aboutit à donner au prophète un visage connu qui domine sur le rôle. D’autant que l’acteur, si performant par ailleurs, est ici inconsistant, non crédible même si ses 10 ans de plus que le rôle (il a 43 ans, le Christ en avait 33) n’est pas le principal grief. Mais la direction d’acteur laisse à désirer.
Même chose pour Rooney Mara qui interprète Marie Madeleine. Bouleversante dans le récent "A Ghost Story", elle jouait déjà dans "Lion" du même Garth Davis. Elle est ici transparente, comme au second plan, le scénario et son incarnation ne laissant aucunement ressentir son regard sur Jésus, ni sur l’extraordinaire expérience que cette femme unique a pu vivre à son contact. Elle est pourtant la disciple du Christ la plus citée dans les quatre Evangiles canoniques, plus que les 12 apôtres, chacun mis à part. Idem pour Tahar Rahim, pourtant un bon choix pour Judas, comme quoi, la direction d'acteurs est problématique.

Rien de neuf

Garth Davis suit le parcours de cette femme antique qui quitte sa famille et refuse le mariage qu’on lui impose pour suivre ce qui n’est qu’une bande de va-nu-pieds à travers le désert. Elle est bien rebelle aux canons de l’époque, une femme indépendante aux commandes de son destin. Mais la consistance qu’en donne le cinéaste n’est pas à la hauteur.
Rooney Mara dans "Marie Madeleine" de Garth Davis 
 (Universal Pictures International France)
Le rythme du film est lancinant, sans envergure picturale, même si la sobriété convient au sujet religieux. La musique tout aussi ennuyeuse souligne le trait. Le scénario n'expose que des épisodes convenus de l’histoire du Christ en y ajoutant Marie Madeleine, jusqu’ici épisodique ou négligée. C’est donc plus un film supplémentaire sur le Christ, que sur Marie Madeleine. Le meilleur long métrage sur le prophète demeure l’inégalé "L’Evangile selon Saint-Mathieu" (1964) de Pasolini, lui-même communiste, un paradoxe (?).

"Marie Madeleine" ne nous apprend guère de choses, si ce n’est dans sa bande annonce synthétique, ou son carton final qui en disent plus que ce film de deux heures.
"Marie Madeleine" : l'affiche française
 (Universal Pictures International France)

LA FICHE

Genre : Drame
Réalisateur : Chloé Zhao
Pays : Etats-Unis
Acteurs : Brady Jandreau, Tim Jandreau, Lilly Jandreau, leroy Pourier, Cat Clifford, Tanner Langdeau, James Calhoon, Lane Scott
Durée : 1h45
Sortie : 28 mars 2018

 

Synopsis :Le jeune cowboy Brady, étoile montante du rodéo, apprend qu'après son tragique accident de cheval, les compétitions lui sont désormais interdites. De retour chez lui, Brady doit trouver une nouvelle raison de vivre, à présent qu'il ne peut plus s'adonner à l'équitation et la compétition qui donnaient tout son sens à sa vie. Dans ses efforts pour reprendre en main son destin, Brady se lance à la recherche d'une nouvelle identité et tente de définir ce qu'implique être un homme au coeur de l'Amérique. 

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