"Love Is Strange" : les vertiges de l'amour avec Alfred Molina et John Lithgow
3 / 5 ★★★☆☆
De Ira Sachs (Etats-Unis/France), avec : Alfred Molina, John Lithgow, Marisa Tomei - 1h34 - Sortie : 12 novembre
Synopsis : Après trente-neuf ans de vie commune, George et Ben décident de se marier. Mais au retour de leur voyage de noces, George se fait subitement licencier. Du jour au lendemain, le couple n'est plus en mesure de rembourser le prêt de son appartement new-yorkais. Contraints de vendre et de déménager, ils vont devoir compter sur l'aide de leur famille et de leurs amis. Une nouvelle vie les éloignant l'un de l'autre s'impose alors dans leur quotidien.
La tête froide
Histoire extrêmement touchante que celle de "Love Is Strange", où un couple gay vieux de 40 ans décide tardivement de se marier, puis est obligé de quitter son appartement, et d’être hébergé séparément dans de la famille ou chez des amis, en raison de problèmes financiers. George enseigne la musique et Ben est galeriste, tout en se consacrant à sa peinture. Ils ont toujours vécu ensemble, s’aiment d’un amour véritable, en parfaite autonomie. Leur destin bascule du jour au lendemain par cette séparation forcée, et la vie dans la promiscuité de leurs hôtes.
Ira Sachs ne tombe aucunement dans le pathos ou le mélodrame. Ses personnages sont écrits avec une justesse de tous les instants, dans leur profil psychologique bien trempé, servis par Alfred Molina et John Lithgow, tous deux remarquables, en formant un couple parfaitement ajusté. On y croirait. Et on y croit. S’ils vivent un drame, ils n’en gardent pas moins la tête froide, sachant qu’ils s'en tireront bien, prenant les choses avec philosophie, sans jamais perdre ni leur légèreté, ni leur humour communicatif.
Les quatre âges de l’amour
La mise en scène d’Ira Sachs est d'une constante douceur, le ton est jovial et enlevé. Rarement l’amour aura été traité avec autant de tact, de discrétion et de pudeur. Si celui entre George et Ben est au cœur du film, l'amour est abordé à tous les âges de la vie. Notamment à travers l'admiration enfantine, jamais révélée à sa secrète dulcinée, que narre le jeune Joey ; à la fin du film on le retrouvera aux côtés d’une adolescente de son âge. Il y a également ses parents, un couple parasité par les habitudes et le travail. Il y a enfin George et Ben, à l’amour véritablement mature, comme l'aboutissement de l’expérience de deux vies.
Ira Sachs distille beaucoup d’émotion dans "Love Is Strange", tout en restant d’une humilité transparente. Il concocte de la belle image, sans jamais être ostentatoire, démonstratif ou moralisateur. Il dépeint une situation toute réaliste, en faisant de ses personnages modestes des êtres exceptionnels, humains, au service d’une histoire simple, mais néanmoins bouleversante.
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