"Lost River" : derrière la caméra, un Ryan Gosling sous influences
3 / 5 ★★★☆☆
De Ryan Gosling (Etats-Unis), avec Christina Hendricks, Saoirse Ronan, Ben Mendelsohn, Eva Mendes - 1h45 - Sortie : mercredi 8 avril 2015
Synopsis : Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une cité engloutie. Billy et son fils devront aller jusqu’au bout pour que leur famille s’en sorte. Une esthétique chic, des couleurs saturées, des néons… Pour filmer cette "ville qui se meurt", Ryan Gosling a apporté un soin évident à l'image, concoctée par le directeur de la photographie belge, Benoît Debi. Le résultat renvoie à l'univers de Nicolas Winding Refn, qui l'a dirigé dans le génial "Drive" et l'ennuyeux "Only God Forgives". Flous, ralentis, plans savamment composés, bande son étouffante. Le premier film du jeune Canadien se distingue d'abord par sa forme, qui n'est pas sans rappeler celle des films de David Lynch.
Reportage : S.Gorny, J.J. Buty, J.Lardereau
Du côté des comédiens, on retrouve avec plaisir la cultissime Christina Hendricks (la rousse de "Mad Men"). Comme à l'ensemble de son équipe, Gosling lui impose un jeu glacé, chuchoté, monocorde, loin d'être sans intérêt, mais qui anesthésie son impact émotionnel.
Il y a des trouvailles dans "Lost River", comme ce club où se retrouvent des mordus de bains de sang, et où les hommes se frottent à des femmes enfermées dans des caissons transparents. Mais il y a aussi des aspects plus lourdingues et qui tombent à plat. Le méchant garçon en décapotable, qui n'est pas sans rappeler Nicolas Cage dans "Sailor et Lula" - censé inspirer la terreur - déclenche plutôt les sourires… Tout comme son bras droit auquel il a coupé les lèvres pour le punir (bravo, les maquilleuses !). Globalement, le scénario (également signé par Gosling) est tout à fait dans l'air du temps – la désolation, la décomposition de la société – mais manque de souffle et d'épines.
Ryan Gosling semble avoir fait de son premier film son train électrique, avec moult références au cinéma fantastique qu'il semble affectionner. Notamment la présence de l'égérie de l'horreur des années 60, Barbara Steele, dans le rôle muet d'une grand-mère sorcière ; une scène tout droit sortie des "Yeux sans visage" (1959), ou une maison renvoyant à la franchise "Amityville".
Sans être une grande réussite, ce premier film est prometteur. On attend désormais de voir émerger un véritable style Gosling, libéré de ses influences et citations.
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