"Loin des hommes" : Viggo Mortensen et Reda Kateb dans un western algérien
4 / 5 ★★★★☆
De David Oelhoffen (France), avec : Viggo Mortensen, Reda Kateb, Djemel Barek, Vincent Martin - 1h41 - Sortie : 14 janvier 2015
Synopsis : Algérie, 1954. Alors que la rébellion gronde dans la vallée, deux hommes, que tout oppose, sont contraints de fuir à travers les crêtes de l’Atlas. Au coeur d’un hiver glacial, Daru, instituteur reclus, doit escorter Mohamed, un paysan accusé du meurtre de son cousin. Poursuivis par des villageois réclamant la loi du sang et par des colons revanchards, les deux hommes se révoltent. Ensemble, ils vont lutter pour retrouver leur liberté.
Western initiatique
Presque entièrement tourné en extérieur, l'action de "Loin des hommes" se situe dans l'Atlas algérien, mais a été filmé au Maroc pour des raisons logistiques. Les paysages arides, désertiques sont quasiment un personnage en soit. Daru, instituteur, mène Mohammed en prison, à la demande des forces de l'ordre occupées à juguler les premières révoltes algériennes. Ce cadre et le sujet renvoient au western, comme d'autres éléments du film : les armes, les bivouacs très "fordiens", la ville fantôme, les embuscades, la confrontation à une nature hostile …
Le voyage physique qu'entreprennent les deux hommes se double d'un parcours intérieur qui va les rapprocher. Mohammed est un musulman taiseux, résigné sur son sort, et Daru un humaniste athée, non préparé à la tâche qu'on lui a confiée. Tout les oppose, mais ils vont se retrouver dans l'adversité et la rage de survivre aux épreuves qu'ils vont croiser sur leur chemin : des villageois vengeurs, et des rebelles indépendantistes contre lesquels une armée française aux abois n'est pas plus rassurante.
Chemin de vie
Mais ce qui domine dans "Loin des hommes" c'est le voyage vers la vie. Mohammed est prêt à aller en prison, à être jugé expéditivement pour être exécuté sommairement, afin que sa famille ne soit pas la cible de représailles à sa place. Daru ne cesse de le convaincre de s'échapper, de prendre le large. Il prendra sur lui la responsabilité de mentir aux villageois pour que cesse la loi du sang qu'ils réclament. C'est ce cheminement psychologique que doit entreprendre Mohammed. Rien de moins sûr qu'il y parvienne.
David Oelhoffen n'adapte pas à la lettre "L'Hôte" d'Albert Camus, et le prolonge avec un de ses autres textes, "Chroniques algériennes". Il en garde et traduit cependant tout l'esprit comme son humanité. Le traitement "westernien" est par ailleurs une excellente idée de mise en scène, très maîtrisée par le cinéaste, non seulement dans l'exploitation du cadre environnemental, mais aussi la dynamique d'une action soutenue et rythmée, doublée d'une intensité dramatique et psychologique fortes. Un récit puissant, servi par des acteurs de premier ordre et impliqués, à la cinématographie inventive.
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