"Les Souvenirs" : Jean-Paul Rouve adapte avec talent David Foenkinos
3 / 5 ★★★☆☆
De Jean-Paul Rouve (France), avec : Michel Blanc, Annie Cordy, Chantal Lauby, Mathieu Spinosi - 1h36 - Sortie : 14 janvier 2015
Synopsis : Romain a 23 ans. Il aimerait être écrivain mais, pour l'instant, il est veilleur de nuit dans un hôtel. Son père a 62 ans. Il part à la retraite et fait semblant de s'en moquer. Son colocataire a 24 ans. Il ne pense qu'à une chose : séduire une fille, n'importe laquelle et par tous les moyens. Sa grand-mère a 85 ans. Elle se retrouve en maison de retraite et se demande ce qu'elle fait avec tous ces vieux. Un jour son père débarque en catastrophe. Sa grand-mère a disparu. Elle s'est évadée en quelque sorte. Romain part à sa recherche, quelque part dans ses souvenirs…
Un casting en or
Jean-Paul Rouve avait réussi son passage derrière la caméra en 2007 avec "Sans arme, ni haine, ni violence" sur Albert Spaggiari, l'auteur du "casse du siècle" qui visait la Société Générale de Nice en 1977. "Quand je serai petit" (2012) était en-deçà, mais il revient en bonne forme avec "Les Souvenirs", plein de délicatesse, pour reprendre un titre de David Foenkinos, avec une merveilleuse Annie Cordy, dans un rôle de grand-mère fugueuse, où elle excelle, comme à chacune de ses apparition à l'écran.
Comédie dramatique douce-amère, "Les Souvenirs" aurait pu se cantonner à un énième film du cru, comme le cinéma français nous en sert au kilomètre. Loin s'en faut. Jean-Paul Rouve trouve le ton juste et concocte un casting de choix, outre Annie Cordy, avec Michel Blanc en père anxiogène, le jeune Mathieu Spinosi en fils sensible, Chantal Lauby en épouse désabusée, Audrey Lamy en directrice de maison de retraite un rien légère, et William Lebghil en colocataire obsédé de la drague. Ils valent vraiment le coup d'être tous cités, tant ils sont à leur place, sans oublier Xavier Brière et Yvan Garouel dans la peau des frères à côté de la plaque de Michel Blanc. Rouve, lui-même, tient le petit rôle d'un tenancier d'hôtel non moins iconoclaste et attendrissant.
Beaucoup de tendresse émane de ces "Souvenir". A l'image de cette grand-mère qui s'échappe de la maison de retraite que ses fils lui ont imposée, pour renouer avec la ville de son enfance, Etretat. La scène où elle retrouve la classe de son enfance, devant de jeunes élèves est craquante, tous étant d'une spontanéité drôle sans mièvrerie aucune. Les retrouvailles s'effectueront également avec son petit-fils (Mathieu Spinosi) qui prend conscience d'être passé à côté de son aïeul et veut rattraper le temps perdu. Michel Blanc fait mine d'assumer sa mise à la retraite, mais commence à perdre pied, ce que ne va arranger l'échappée-belle de sa mère. Bien-sûr, "Les Souvenirs" ne brille pas par une mise en scène révolutionnaire, mais fait preuve de tact, de sensibilité et d'humour. Jean-Paul Rouve réussit donc son troisième passage à la réalisation en mettant en avant ses acteurs, valeur primordiale de son long métrage. Un joli film, humble et juste, sur la fuite du temps et le sentiment d'être passé à côté de moments précieux.
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