"Les Jours venus" : Romain Goupil en plein bilan introspectif
4 / 5 ★★★★☆
De Romain Goupil (France), avec Romain Goupil, Valeria Bruni Tedeschi, Marina Hands, Noémie Lvovsky, Jackie Berroyer - 1h30 - Sortie : 4 février 2015
Synopsis : Le jour venu où vos enfants regardent votre passé comme si vous aviez fait Verdun. Le jour venu où une lettre administrative interroge votre âge et votre statut et vous pousse vers la retraite. Le jour venu où votre dernière idée de scénario ne se transforme pas en film. Le jour venu où votre banquière vous convoque impérativement. Le jour venu où vous vous souvenez de votre rencontre avec Elle pendant la guerre à Sarajevo. Le jour venu où vous commencez toutes vos phrases par « avant ». Le jour venu où tout votre temps se décompte, les enfants grandissent, vos parents faiblissent. Le jour venu où vous rencontrez une jeune femme qui aime les vieux : les vieux mariés.
Parlez-moi d'moi…
Si Romain Goupil parle de lui dans ses films, y fait participer sa famille, ses amis de toujours en filmant souvent sur les lieux de son enfance, c'est qu'il est un bon filtre des époques qu'il a traversées et traverse encore. Dans "Les jours venus", il plante sa caméra dans la cité du XVIIIe arrondissement où il a vécu, passe par la Bretagne où il séjournait en vacances enfant, Sarajevo, où il a rencontré son épouse, le tout alimenté de stock-shots sorties de ses archives, mélangés à des images contemporaines.
Son film n'est pas pour autant un documentaire autobiographique nombriliste. Si le cinéaste porte son nom véritable, tout comme ses enfants, sa femme, sa belle-mère…, "Les Jours venus" est aussi habité par des comédiens jouant des rôles de composition : Valéria Bruni Tedeschi en banquière, Marina Hands en locataire névrosée, Noémie Lvovski en productrice ou Jackie Béroyer en président d'association d'immeuble désabusé. Goupil y joue donc son propre rôle de cinéaste qui, arrivé à la soixantaine, est comme poussé à faire son propre bilan en exposant des dates clés de son existence, à travers une dramaturgie fictionnelle, portée par sa voix off.
Comédie, comédie
De ce mélange de réel et de fiction émane un irrésistible ton de comédie. Dynamique et rythmé, "Les jours venus" égraine des situations cocasses comme quand Goupil est amené au début du film à retrouver ses bulletins de salaire pour préparer sa retraite, quand il est interviewé par son fils et ses copains de classe pour un exposé, quand il parle de sa belle-mère tchèque, nostalgique de Tito… Comme toujours, le politique n'est jamais très loin, avec son passé de militant de gauche, l'impact de mai 68 auquel il a participé à 16 ans, son engagement contre la guerre en Bosnie…
Romain Goupil est fidèle à son ton si personnel et à son enthousiasme communicatif de cinéaste. Il transparait dans les projets de film proposés à sa productrice, notamment celui où un caméraman voit des catastrophes se produire autour de lui dès qu'il filme… Ce qui lui advient même à l'écran : il évite à plusieurs reprises plusieurs pianos tombés du ciel ! Une parabole autour de son métier de cinéaste, parlante des risques d'une telle vocation. Très réussi et enjoué, "Les jours venus" est traversé par la grâce.
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