"Les Amants électriques" : la folie Bill Plympton à 100 000 volts !
Film d'animation de Bill Plympton (Etats-Unis) - 1h16 - Sortie : 23 avril
Synopsis : Jake et Ella se rencontrent dans un accident d'auto-tamponneuse et s'éprennent follement l'un de l'autre. Mais c'est sans compter le machiavélisme d'une garce qui sème le trouble chez les amoureux transis. Jusqu'où la jalousie la mènera-t-elle ? Entre envie de meurtres, tromperies en tout genre et un peu de magie, Jake et Ella sauront-ils surmonter leur rancœur ?
Topor et Crumb réunis
Comme d’habitude avec Plympton, "Les Amants électriques" ne s’adresse pas aux enfants. Ils en sortiraient plutôt choqués et leurs parents avec… Bill Plympton réalise, comme un Ralph Bakshi, ou un Picha, des films d’animation pour adultes, ce qui est rare. Doté d’un univers à la croisée d’un Roland Topor et d’un Robert Crumb, Bill Plympton n’en reste pas moins incomparable avec un style graphique bien à lui, incomparable.
Ses thèmes et sujets touchent la société américaine contemporaine passée à la moulinette, allant du sexe à la mythologie nationale, en passant par le consumérisme, le couple… C’est à ce dernier qu’il s’attaque aujourd’hui de front avec "Les Amants électriques", à travers Jake et Ella. Lui est bodybuildé, elle, mince comme la tranche d’une page de magazine. Ils s’aiment à en mourir. Oui, mais voilà, Jake attire les femmes comme le miel les mouches. Un quiproquo va le pousser à jouer de ses atouts, entraînant Ella à se venger et faire usage de tous les moyens, même les plus improbables, pour réduire Jake à néant.
Soupirs et borborygmes
Bill Plympton ne fait pas dans la douceur. Son trait est rugueux, griffonné, aux perspectives outrancières, comme les silhouettes de ses personnages caricaturaux. Son animation, réalisée à "la mano", est vibrante, vivante, à des années lumières de l’aseptisée réalisation numérique. Non, là c’est le dessin qui prime, le crayon, la gouache et l’aquarelle, de vraies matières. Et c’est beau, très beau ; drôle, très drôle.
Dans sa quête minimaliste, Bill Plympton, supprime tous dialogues, la bande son étant réduite à de la musique et des soupirs et autres borborygmes, ses films étant plus sonores que parlants. Le procédé est, comme ses parti-pris graphiques, participatif de son humour surréaliste et ravageur. Graphiste et animateur lui-même, Terry Gilliam tient Bill Plympton pour un maître. C’est vrai qu’ils se rejoignent dans leur vision de nos sociétés occidentales et leur approche esthétique. On ne peut qu’adhérer. Contestataire et Jubilatoire.
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