"Le Murmure des ruines" : le conflit du Haut-Karabakh pour mémoire
De Liliane de Kermadec (France), avec : Ruben Verdyan, Sarassar Sarayan, Hovhanès Khoderyan - 1h33 - Sortie : 26 juin 2013
Synopsis : Un camion de farine se perd dans le Caucase. Sevag, chauffeur de taxi, veut mettre cette aubaine à profit. Soghomon, réfugié de Bakou comme son amie Zoya, est tourné vers l'avenir tandis qu'elle ne peut pas oublier la guerre et son mari porté disparu durant le conflit. Pourtant c'est elle qui va avoir l'idée : il n’y a pas de boulangerie à Shushi, pourquoi ne pas récupérer la farine du camion et en ouvrir une ? Araxia, directrice de l'école de musique et poète à ses heures, Arsiné, maîtresse d'école, Arsène, conservateur de musée et quelques autres habitants sont de la partie...
Continent oublié
"Le Murmure des ruines" est le premier film de fiction réalisé dans le Haut-Karabakh après six ans de conflit (1988-1994). Liliane de Kermadec y a déjà filmé un documentaire en 2004 sur les élections dans cette région du Caucase, après une déclaration d’indépendance qui n’a jamais été reconnue par la communauté internationale.
La cinéaste revient dans ce « continent » oublié, d’abord pour nous le montrer. Dans ses paysages de petites montagnes boisées, parsemées de villages éparses, rongés par la guerre, peuplés d’habitants livrés à eux-mêmes, fiers d’une indépendance acquise de leur sang, exsangues des tiraillements entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, alors qu’historiquement la région faisait partie de cette dernière. Situation complexe donc, toujours pas résolue, et sous l’épée de Damoclès d’un simple cessez-le-feu.
République de proximité
Là, Liliane de Kermadec met en scène des habitants du cru dans ce qui s’apparente à un conte. S’il n’a rien d’un conte de fées, il traduit la volonté de vivre, plus que de survivre. Le niveau de dénuement ne rogne aucunement un optimisme infaillible devant des difficultés incommensurables. Les liens sont forts et prennent le dessus sur tout le reste : l’espoir fait vivre. Aucune autorité à l’horizon, ou si peu. Tout passe par des rapports sociaux directs, et les décisions sont prises au fil des événements, en concertation. Comme dans une République de proximité.
Ainsi, la découverte de ce camion abandonné, rempli de farine, qui s’offre pour ouvrir la première boulangerie dans la bourgade, lors d’une fête au village. La mise en scène suit cette même nonchalance, comme improvisée, avec des acteurs approximatifs mais touchants, volontaires et investis. La musique qui ponctue régulièrement le film participe du message que veut faire passer une population en quête de reconnaissance, fière de sa résistance ; plus, de sa présence, les deux pieds enracinés dans une terre aimée.
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