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"Le Majordome" : Forest Whitaker face aux Droits civiques
Lee Daniels (« Precious », « The Paperboy »), réalisateur afro-américain, s’attaque au gros morceau de la lutte pour les Droits civiques aux Etats-Unis, avec comme trame le biopic de Cecil Gaines qui servit sept présidents des Etats-Unis durant trente ans, et un casting comme on en voit rarement, Forest Whitaker en tête.
Publié
Temps de lecture : 3min
De Lee Daniels (Etats-Unis), avec : Forest Whitaker, Oprah Winfrey, Mariah Carey, John Cusack, Jane Fonda, Lenny Kravitz, Vanessa Redgrave, Alan Rickman - 2h12 - Sortie : 11 septembre 2013
Synopsis : L'histoire vraie de Cecil Gaines, majordome à la Maison-Blanche pendant plus de trente ans et au service de sept présidents. À ce poste, il fut ainsi le témoin privilégié de l'évolution de la vie politique américaine et des relations entre communautés : de l'assassinat du président John F. Kennedy et de Martin Luther King au mouvement des droits civiques, de la guerre du Vietnam au scandale du Watergate… À la maison, sa femme, Gloria, élève leurs deux fils, et la famille jouit d'une existence confortable grâce au poste de Cecil. Pourtant, son engagement suscite des tensions dans son couple : Gloria s'éloigne de lui et les disputes avec l'un de ses fils, particulièrement anticonformiste, sont incessantes. Classicisme
Lee Daniels a visiblement tenu a filmé une fresque en évoquant la vie de Cecil Gaines, depuis ses origines dans les champs de coton d’Alabama jusqu’à la Maison Blanche où il servit pendant 30 ans. Curieux destin qui lui permit d’être au quotidien avec sept présidents américains, d’Eisenhower (Robin Williams) à Ronald Reagan (Alan Rickman). En parallèle est transcrit la vie familiale de Cecil Gaines, et surtout ses rapports conflictuels avec son fils Charlie, très tôt engagé dans la lutte pour les Droits civiques.
Le cinéaste, qui est aussi coscénariste, prend le parti d’une mise en scène classique, en suivant une chronologie scrupuleuse et une reconstitution de la vie à la Maison Blanche, aux différentes époques, au cordeau. Pourquoi pas ? Le sujet de la conquête des Droits civiques sur trente ans est assez délicat pour ne pas faire appel à de quelconques tergiversations formelles. Le sujet vaut par lui-même et le conflit entre le père, conventionnel, et son fils, révolutionnaire, en est l’incarnation. Mais si le message passe bien, le film n’aurait-il pas gagné à être un peu plus bousculé, plutôt que plaqué à un classicisme à la Steven Spielberg, avec les défauts que ce dernier est parvernu à sublimer dans son magnifique « Lincoln » ? Pathos
« Le Majordome » n’en reste pas moins passionnant par cette histoire qui a bouleversé la société américaine, transcrite par l’angle choisi. Lee Daniels privilégie la vie de famille de Cecil Gaines et ce que sa position privilégiée dans la communauté noire provoque dans son entourage. Forest Whitaker est l’acteur idéal pour l’incarner et cette adéquation entre acteur et interprète est palpable pour tous les nombreux rôles qui traversent le film, du premier au dernier. Voir, par exemple Jane Fonda incarner Nancy Reagan est proprement jubilatoire. Si le sujet est délicat et la nécessité d’en traduire toute la portée importante, la mise en scène très cadrée et orientée vers le lyrisme freine une adhésion complète. Sans dénigrer les nombreuses qualités du « Majordome », demeure l’impression d’un pathos envahissant, surtout pesant dans la dernière partie du film. Comme si l’ambition avait pris le dessus d’un message qui demeure, lui, inaltérable.
Synopsis : L'histoire vraie de Cecil Gaines, majordome à la Maison-Blanche pendant plus de trente ans et au service de sept présidents. À ce poste, il fut ainsi le témoin privilégié de l'évolution de la vie politique américaine et des relations entre communautés : de l'assassinat du président John F. Kennedy et de Martin Luther King au mouvement des droits civiques, de la guerre du Vietnam au scandale du Watergate… À la maison, sa femme, Gloria, élève leurs deux fils, et la famille jouit d'une existence confortable grâce au poste de Cecil. Pourtant, son engagement suscite des tensions dans son couple : Gloria s'éloigne de lui et les disputes avec l'un de ses fils, particulièrement anticonformiste, sont incessantes. Classicisme
Lee Daniels a visiblement tenu a filmé une fresque en évoquant la vie de Cecil Gaines, depuis ses origines dans les champs de coton d’Alabama jusqu’à la Maison Blanche où il servit pendant 30 ans. Curieux destin qui lui permit d’être au quotidien avec sept présidents américains, d’Eisenhower (Robin Williams) à Ronald Reagan (Alan Rickman). En parallèle est transcrit la vie familiale de Cecil Gaines, et surtout ses rapports conflictuels avec son fils Charlie, très tôt engagé dans la lutte pour les Droits civiques.
Le cinéaste, qui est aussi coscénariste, prend le parti d’une mise en scène classique, en suivant une chronologie scrupuleuse et une reconstitution de la vie à la Maison Blanche, aux différentes époques, au cordeau. Pourquoi pas ? Le sujet de la conquête des Droits civiques sur trente ans est assez délicat pour ne pas faire appel à de quelconques tergiversations formelles. Le sujet vaut par lui-même et le conflit entre le père, conventionnel, et son fils, révolutionnaire, en est l’incarnation. Mais si le message passe bien, le film n’aurait-il pas gagné à être un peu plus bousculé, plutôt que plaqué à un classicisme à la Steven Spielberg, avec les défauts que ce dernier est parvernu à sublimer dans son magnifique « Lincoln » ? Pathos
« Le Majordome » n’en reste pas moins passionnant par cette histoire qui a bouleversé la société américaine, transcrite par l’angle choisi. Lee Daniels privilégie la vie de famille de Cecil Gaines et ce que sa position privilégiée dans la communauté noire provoque dans son entourage. Forest Whitaker est l’acteur idéal pour l’incarner et cette adéquation entre acteur et interprète est palpable pour tous les nombreux rôles qui traversent le film, du premier au dernier. Voir, par exemple Jane Fonda incarner Nancy Reagan est proprement jubilatoire. Si le sujet est délicat et la nécessité d’en traduire toute la portée importante, la mise en scène très cadrée et orientée vers le lyrisme freine une adhésion complète. Sans dénigrer les nombreuses qualités du « Majordome », demeure l’impression d’un pathos envahissant, surtout pesant dans la dernière partie du film. Comme si l’ambition avait pris le dessus d’un message qui demeure, lui, inaltérable.
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