« Le Hobbit : un voyage inattendu » : aux origines du "Seigneur des anneaux"
De Peter Jackson (Nouvelle-Zélande/Etats-Unis), avec : Ian McKellen, Martin Freeman, Richard Armitage, Ian Holm, Cate Blanchett, Christopher Lee, Andy Serkis - 2h45 - Sortie : 12 décembre
Synopsis : Bilbon, Hobbit débonnaire, comme ses congénères, est entraîné par le magicien Gandalf le Gris à participer à la reconquête du royaume des nains, Erebor, tombé entre les griffes du terrible dragon Smaug. Commence alors un long périple, jonché de dangers et d’épreuves contre les Gobelins, Orques et autres Trolls, jusqu’au Mont solitaire, le repère de Smaug…
Au commencement était Bilbo
J. R. R. Tolkien avait écrit « Bilbo le Hobbit » en 1937 à destination de ses enfants, tel un conte. Le roman eût un tel succès international, auprès de la jeunesse comme des adultes, que son éditeur ne cessa de la tarauder pour en écrire la suite. Linguiste et spécialiste des cultures septentrionales, Tolkien après moult réserves, pris la direction d’un roman plus sombre, qui allait devenir une somme, comme une synthèse des mythes nordiques, destinée à une réception mondiale sans précédent, « Le Seigneur des anneaux », l’un des texte fondateurs de la Fantasy.
Beaucoup de projets ont été ébauchés pour adapter le « Seigneur », sans lendemain, jusqu’à la trilogie de Peter Jackson, remarquable à plus d’un titre pour un roman jugé inadaptable. La réussite, tant artistique, critique et le succès public ne pouvaient que conduire Jackson sur les traces du premier roman de Tolkien, « Bilbo le Hobbitt » (qui garde son nom anglais dans la traduction française, pour devenir Bilbon dans le « Seigneur »). Premier film d’une trilogie, « Le Hobbit : un voyage inattendu », renoue, mais seulement en partie, avec les qualités du précédent cycle.
Le film est dans la continuité de la trilogie du « Seigneur ». Dans son esthétique et sa narration. Comment faire autrement, quand il s’agit d’un même univers, dont l’adaptation est conduite par le même metteur en scène ? Grand bien soit-il ! L’on retrouve ainsi nombre d’acteurs, dans ce premier pan d’une nouvelle trilogie, dans les mêmes rôles, garants d’une fluidité indispensable. Même Ian Holm, qui interprétait Bilbon âgé dans les films précédents, fait le lien entre les deux pans.
Adaptation réussie, mais l'image...
Quelle mouche a piqué Peter Jackson de garder la forme d’une longue trilogie pour adapter un roman de 300 pages ? Ce qui était justifié pour « Le Seigneur », 1000 pages divisées en trois tomes, semble ici, au prime abord, incongru. Avec ses coscénaristes, il s’en tire finalement plutôt bien. Le film garde un rythme soutenu et s'en tient à la première partie de l’ouvrage. Il ausculte les moindres recoins de l’histoire, entrecoupant les nombreuses et longues scènes d’action, de dialogues développés. Ainsi la rencontre entre Bilbon et Gollum, nœud de l’intrigue (puisqu’elle introduit le fameux anneau), est particulièrement creusée.
Le récit n’en n’est pas malmené pour autant. Là où le bât blesse, c’est dans l’image, toujours très soignée, mais à laquelle le relief n’apporte rien, sinon des désagréments. On nous avait annoncé un procédé technique révolutionnaire apportant une qualité inégalée grâce à un filmage à 48 images/seconde, le HFR (High Fidelity Resolution), alors que la projection presse n’a pas été conçue pour ce nouveau format très attendu (50 salles en France le permettront toutefois dès le 12 décembre, selon Warner). Résultat : un relief plat, parfois mal synchronisé, avec des images aux couleurs bizarres dans toute une partie du film. Des défauts dus peut-être davantage à la mauvaise qualité de la projection qu’au filmage, mais c'est bien dommage.
Enfin, les très nombreux effets spéciaux ne semblent pas avoir beaucoup évolués depuis la première trilogie (2001-2003). S’ils sont de bonne facture, l’on sent tout de même l’image de synthèse, par un manque de texture et des mouvements trop fluides. Avec l’impression d’assister sur 80% de la projection, à un beau film d’animation, plus qu’à autre chose. Des défauts, que cela soit pour le relief ou l’image numérique, qu’avait évité James Cameron dans « Avatar », étalon-or en la matière. Donc : peut mieux faire. Espérons qu’il en ira de la sorte pour le deuxième opus, attendu en décembre 2013, et le troisième qui sortira en décembre 2014.
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