La Grotte des rêves perdus
La visite inédite au cinéma de la grotte Chauvet, découverte en 1997, filmée par un des plus grands cinéastes, qui a décidé impérativement de la réalisée en relief pour rendre au plus près l'expérience. La grotte contient les plus anciennes peintures pariétales du monde, remontant à plus de 30.000 ans, qui témoigne de la naissance de l'art... Herzog capte toute la beauté de ces merveilles dans l’un des sites les plus grandioses qui soit. Dans un saisissant voyage visuel, Herzog nous entraîne à la rencontre de nos très lointains ancêtres, à la découverte de la naissance de l’art, de la symbolique puissante des lieux et des étranges personnes qui vivent aujourd’hui dans les environs...
Werner Herzog est souvent passé du documentaire à la fiction et a toujours gardé une teinte de reportage dans ses films (Aguire, Nosferatu, Invincible…) C’est un pur documentaire qu’il offre aujourd’hui, en étant le seul cinéaste a avoir pu pénétrer la grotte Chauvet (Vallon-Pont-d’Arc, Ardèche), pour faire découvrir des peintures rupestres de plus de 30.000 ans d’âge (Lascaux date de 17.000 ans) et remonter aux origines de l’Art. Témoignage exceptionnel, le réalisateur a tenu à le filmer en relief pour rendre la symbiose voulue par leurs auteurs entre le trait et le volume.
En raison de la fragilité du site, l’équipe de tournage a été réduite à trois personnes qui ne pouvaient se mouvoir que sur une passerelle de 60 cm de large, à raison de quelques heures sur très peu de jours. Guidés par les inventeurs du site et de scientifiques, Herzog capte par son don de l’image la quintessence du site et son sens.
Passionné de préhistoire depuis sa jeunesse, cinéaste pictoraliste, Werner Herzog fait de sa découverte de la grotte Chauvet comme un manifeste de son cinéma et de la naissance de l’Art. Tous les films d’Herzog sont physiques et relèvent d’une performance. Par ses conditions de tournage, La Grotte des rêves perdus en est une. L’éclairage changeant transcrit celui des torches des habitants et créateurs des lieux, dans une volonté d’animer les figures, motivation visible des peintres rupestres. Ainsi ce rhinocéros dont la corne est dessinée en plusieurs exemplaires comme pour transcrire son mouvement observé dans la nature. Les peintres aurignaciens ne se découvrent il pas les inventeurs de l’art cinétique ? La vision d’une telle illusion, sous l’éclairage variable des torches, ne s’apparente-t-elle pas à un étonnant précurseur du cinéma ?
Réflexion sur la naissance de l’art, La Grotte des rêves perdus est aussi une approche scientifique, archéologique du lieu, qui en décrit la découverte en 1997, les recherches qu’elle a suscitées, jusqu’à sa transcription virtuelle sur ordinateur afin d’en offrir la réplique exacte qui sera ouverte au public en 2014.
Dans cette attente, le film d’Herzog en est le seul avatar, doublé d’un décryptage didactique, émouvant et porteur d’une thèse, où le cinéaste capte la nature de son art et ses origines. Merveilleux.
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