"La Fleur de Buriti" : un documentaire-fiction sonnette d'alarme sur les derniers autochtones d'Amazonie

Récompensé à Un certain regard en 2023 au Festival de Cannes, le film de João Salaviza et Renée Nader Messora milite pour la survie des tribus amazoniennes au Brésil.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
"La Fleur de Buriti" de João Salaviza et Renée Nader Messora (2024). (Karõ Filmes - Entre Filmes)

L’Amazonie et ses peuples en voie de disparition s’invitent régulièrement sur les écrans. Deuxième collaboration entre le réalisateur et la réalisatrice portugais brésiliens João Salaviza et Renée Nader Messora, tous deux poursuivent l’exploration et la défense d’un territoire et de ses peuples menacés.

Sur les écrans depuis mercredi 1er mai, La Fleur de Buriti, à la frontière du documentaire et de la fiction, éblouit par sa beauté picturale, sa magie animiste et le sens de son combat.

Au cœur de la jungle amazonienne, la tribu Krahô vit loin des villes, selon ses croyances et traditions ancestrales, alors qu’elle est depuis des lustres menacée d’annihilation par la civilisation occidentale. La fille du chef Patpro raconte en trois époques l’inlassable renouvellement des formes de luttes mises en œuvre par son peuple, pour sauvegarder sa liberté, sa vie en harmonie avec la jungle, alors que leur territoire ne cesse d’être grignoté par l’expansion agricole, industrielle et urbaine.

Le regard d’enfant sur l’histoire, puisqu’elle est racontée de son point de vue, place le spectateur sous l’égide de l’innocence. Une pureté qui recoupe celle à laquelle aspire le peuple Krahô, dans son mode de vie. Mais innocence n’est pas soumission, et le récit de l’histoire des Krahô, imprégné de mythes animistes, n’est que résistance pour vivre intégrés dans la jungle, puis, depuis le XVIe siècle, pour défendre leur territoire après l’arrivée des Occidentaux.

L’espoir

Au cœur de la jungle et du village, João Salaviza et Renée Nader Messora filment au plus près le quotidien et les rites, tout en mettant en scène une fiction. Ainsi, est-ce la mise en scène qui dramatise le récit et détache le film du pur et simple documentaire. Le chef Patpro en est la clé de voûte, comme guide politique de la communauté, et comme héros. Sa vocation n’a de cesse de défendre son peuple face à l’agressivité civilisationnelle et il en tire tout son prestige.

Ce processus à l’œuvre passe par les moyens d’information et d’échange instaurés entre les villages et les villes, les conflits entre tribus, et aussi leur cause commune qui mènent Patpro à manifester au cœur des mégapoles brésiliennes. La Fleur de Buriti du film symbolise pour les Krahôs l’espoir, et Patpro la découvre au moment même où il formule son désir d’aller manifester à Brasilia avec d’autres tribus pour défendre leur terre. Le sens symbolique de cette fleur sauvage recoupe toute la teneur de ce beau film humaniste, politique et militant.

L'affiche de "La Fleur de Bureti" de  João Salaviza et Renée Nader Messora (2024). (AD VITAM)

La fiche

Genre : Documentaire-fiction
Réalisateurs : João Salaviza et Renée Nader Messora
Acteurs : Ilda Patpro Krahô, Francisco Hỳjnõ Krahô, Solane Tehtikwỳj Krahô
Pays : Brésil / Portugal
Durée : 2h03
Sortie : 1er mai 2024
Distributeur : Ad Vitam
Synopsis : À travers les yeux de sa fille, Patpro va parcourir trois époques de l’histoire de son peuple indigène, au cœur de la forêt brésilienne. Inlassablement persécutés, mais guidés par leurs rites ancestraux, leur amour de la nature et leur combat pour préserver leur liberté, les Krahô n’ont de cesse d’inventer de nouvelles formes de résistance.

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