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"L'Oiseau de paradis" : un conte maori politique et fantastique

Un premier long métrage très maîtrisé, qui nous donne enfin quelques nouvelles de Tahiti, entre traditions et corruption politique, avec un zeste de fantastique.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Blanche-Neige Huri dans "L'Oiseau de paradis" de Paul Manate. (Copyright UFO Distribution)

Paul Manate se révèle très talentueux dans son premier film, L'Oiseau de paradis qui sort en salles mercredi 29 juillet. Un film, qui vaut le coup d'être vu sur grand écran, sur la situation à Tahiti, territoire français, où les frictions avec la métropole perdurent. Dans ce thriller fantastique tout en nuances la culture animiste et chrétienne s'entremèlent. 

Une "Carrie" haïtienne

Jeune assistant parlementaire métis à Tahiti, Teivi prend l’initiative de polluer une rivière pour chasser des autochtones afin de faciliter la construction d'un hôtel de luxe. Une lointaine cousine, considérée comme sorcière, lui prédit sa mort prochaine. Il n’aura de cesse de la retrouver pour qu’elle le libère de cette malédiction, alors que des enfants sont hospitalisés suite à leur baignade dans l’eau souillée.

Paul Manate convainc par l’atmosphère qui règne sur cette île mythique du bout du monde, au carefour de l’exotisme et du post-colonialisme français. Yasmina (Blanche-Neige Huri, très juste, débute à l’écran) incarne une jeune lycéenne en difficultés, héritière malgré elle de pouvoirs divinatoires. Partagée entre ses racines maoris et son  éducation française, elle est rejetée par les élèves et ses proches, rappelant en cela Carrie (1976) de Brian De Palma, d’après Stephen King. 

Animisme politique

Cette intrigue fantastique vire au film politique puis au thriller, avec le personnage  de Teivi, jeune arriviste branché pris dans un engrenage qui le dépasse. L'Oiseau de paradis parvient avec cette dramaturgie complexe à dresser un portrait précis de la population locale, tiraillée entre traditions ancestrales et modernité. Les jeunes acteurs y sont pour beaucoup. Tout comme Patrick Descamps, excellent, dont le rôle est inspiré de Gaston Flosse, député controversé de la Polynésie française sous Jacques Chirac.

Sebastian Urzendowsky et Teihoarii Tehaeura dans "L'Oiseau de paradis" de Paul Manate. (Copyright UFO Distribution)
Maîtrisé dans son intrigue à tiroirs, sa mise en scène et ses images, L’Oiseau de paradis, a plus d’une corde à son arc pour séduire. Il faut se frotter à ses plumes qui rappellent celles de La Danse du serpent où une jeune fille découvre ses racines animistes. Passionnant à plus d'un titre, L’Oiseau de paradis est un film attachant qui sort des sentiers battus. A découvrir.
L'affiche de "L'Oiseau de paradis" de Paul Manate. (UFO Distribution / PREMIUM FILMS)

La fiche

Genre : Drame fantastique
Réalisateur : Paul Manate
Acteurs :  Sebastian Urzendowsky, Blanche-Neige Huri, Patrick Descamps

Pays : France
Durée : 1h29
Sortie : 29 juillet 2020
Distributeur :  UFO Distribution / PREMIUM FILMS

Synopsis : Jeune assistant parlementaire métis, amoral et séducteur, Teivi revoit un jour Yasmina, une lointaine cousine maorie aux pouvoirs mystiques, qui lui fait une étrange prédiction. Mais en proie à des malaises hallucinatoires et empêtré dans une affaire de corruption immobilière, Teivi perd pied. Persuadé que Yasmina peut le guérir, il part à sa recherche et chemine jusqu'à la presqu'île fantasmagorique de Tahiti. L’Oiseau de paradis raconte un Tahiti intime et légendaire, métis et vivant. Un conte mystique et contemporain sur le plus beau des paradis perdus.

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