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"L'Economie du couple" avec Bérénice Bejo et Cédric Kahn bankables

Le Belge Joachim Lafosse a réalisé "A perdre la raison" (2012), déjà une histoire conjugale en zone de turbulence, comme dans "L'Economie du couple". Une coproduction franco-belge, avec la césarisée Bérénice Bejo et le réalisateur Cédric Kahn ("Vie sauvage"), à ses heures comédien ("Les Anarchistes")". Sujet éternel, le couple s’y désagrège avec en guest star, au cœur du processus, l'argent.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Cédric Kahn et Bérénice Bejo de Joachim Lafosse
 (Fabrizio Maltese)

Combien tu m'aimes ?

Peu traité au cinéma, la conjugalité dans son rapport à l’argent est la thématique au centre du bien nommé "L''Economie du couple". C’est en même temps, un angle très en phase avec l’époque, où tout est quantifié, apprécié en valeurs hiérarchisées, au détriment des sentiments ou des valeurs morales. Si la vie quotidienne est pour une bonne part gérée par le facteur pécuniaire, matériel - en couple ou individuellement -, la fiction privilégie l’émotionnel. Joachim Lafosse explore l'interaction entre sentiments et argent, comment ils interagissent pour déterminer le destin d'un couple, et, au-delà, d’une famille.

Le titre est particulièrement parlant et bien choisi pour résumer toute la problématique du sujet, créant un formidable écho en tout un chacun qui y reconnaitra une réalité sans, peut-être, avoir mis jusqu’ici un mot dessus. Le film brille par cette intelligence d’un scénario original, concocté par Joachim Lafosse et trois collaborateurs. Tout le film se déroule dans la maison familiale où s'ébat le couple Bejo/Kahn et leurs deux enfants, d’importance capitale, avec l’unique incursion d’amis lors d’un repas catastrophique. S’il s’agit d’un huis clos, Lafosse échappe au théâtre filmé grâce à une caméra sobrement mobile, des dialogues bien écrits et vivants, avec une interprétation de tous au diapason. Bérénice Bejo est autoritaire et insupportable, Cédric Kahn se tape l'incruste avec mauvaise foi, alors que Marthe Keller, que l'on a grand plaisir à retrouver en mère et belle-mère intrusive, tente en vain de recoller les morceaux. 

Bérénice Bejo et Cédric Kahn dans "L'Economie du couple" de Joachim Lafosse
 (Fabrizio Maltese)

Microcosme

Mais au-delà de la cinématographie indéniable du film, on reconnaîtra un sujet qui, hormis son angle thématique ambitieux, ressasse encore et toujours la destinée conjugale dans un environnement confiné. Le cinéma français, et plus largement francophone, s’agissant ici d’un réalisateur belge, semble se réduire aux films sentimentaux ou de copains, sous un ton plus ou moins de comédie, donnant une image du monde microscopique au détriment du macrocosme. La vie ne se limite pas aux rapports homme-femme, ou entre potes et copines, même s’ils y participent grandement. Mais de là à réduire sous ce précepte la majeure partie de toute une filmographie, n’y-a-t-il pas un manque de renouvellement, sinon d’ambition ?

"L''Economie du couple" est répertorié sous le label fourre-tout de comédie dramatique, alors qu’aucun élément de comédie ne vient perturber ce qui s’avère purement et simplement un drame. Celui de la séparation douloureuse d’un couple et l'éclatement annoncé d'une famille. Joachim Lafosse fait parfaitement passer le message, comme si un entomologiste avait troqué l’expertise des insectes pour celles des comportements humains. Etude de mœurs, subtilement ancrée dans le contemporain, "L''Economie du couple" est, malgré une contingence thématique globale récurrente, à voir sans restriction.

"L'Economie du couple" : l'affiche
 (Le Pacte)

LA FICHE

Comédie/Drame de Joachim Lafosse (Belgique/France) - Avec :  Bérénice Bejo, Cédric Kahn, Marthe Keller, Catherine Salée, Jade Soentjens, Margaux Soentjens  - Durée : 1h40 - Sortie: 10 août 2016

Synopsis : Après 15 ans de vie commune, Marie et Boris se séparent. Or, c'est elle qui a acheté la maison dans laquelle ils vivent avec leurs deux enfants, mais c'est lui qui l'a entièrement rénovée. A présent, ils sont obligés d'y cohabiter, Boris n'ayant pas les moyens de se reloger. A l'heure des comptes, aucun des deux ne veut lâcher sur ce qu'il juge avoir apporté.

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