John Malkovich dans "Casanova Variations" : le dernier souffle du séducteur
2 / 5 ★★☆☆☆
Un film de Michael Sturminger (coproduction européenne) - avec John Malkovich, Veronica Ferres, Florian Boesch, Kate Lindsey et Fanny Ardant - Durée : 1h58 - Sortie : 19 novembre 2014
Synopsis : Casanova a accepté la proposition du duc de Waldstein : il est bibliothécaire du château de Dux, en Bohême. En fin de vie, il s’est mis à y écrire ses Mémoires. C’est là qu’il reçoit la visite d’Elisa von der Recke, qui s’intéresse de près à son manuscrit. Casanova ne reconnaît pas dans les traits de cette femme pleine de charme une jeune fille qu’il avait séduite jadis et qui avait voulu mourir pour lui. Elisa suscite à la fois chez le fameux libertin un sursaut de vie insouciant et la lassitude lucide d’un corps fatigué qui craint la mort.
D'abord, le bon. La présence de John Malkovich, pour l'essentiel. Faire de lui ce Casanova vieillissant, usé, mais encore prêt à séduire jusqu'au dernier souffle, est un vrai choix. Il mouille le maillot, est de tous les plans durant deux heures. Il chante aussi, heureusement relayé le plus souvent par son double, véritable chanteur d'opéra, lui.
Cette version de Michael Sturminger varie allégrement du film à l'opéra, d'hier à aujourd'hui. Jouant même par instant le making-off. Casanova est alors Malkovich, à qui une fan éperdue demande entre deux scènes s'il ne serait pas gay. Un peu plus tard, bis repetita, Malkovich doit confirmer avoir séduit deux "lesbiennes sud-africaines qui tiennent une location de quads".
Vous l'aurez compris, ce Casanova n'hésite pas à sortir des sentiers battus, à semer le trouble et distiller une dose de folie. Le texte est puissant, mais c'est l'image qui fâche. Tourné à l'épaule, le film n'est pas beau, mal éclairé, il manque de soin. On imagine ce choix délibéré, mais il handicape largement le travail d'acteurs et de chanteurs excellents par ailleurs.
Fanny Ardant fait une apparition qui ne restera pas comme le meilleur moment de sa magnifique carrière. Ex-maîtresse et future belle-mère d'un Casanova qui ignore encore avoir séduit sa fille, elle s'évanouit, chante et se ressaisit. Disons que l'évanouissement, on peut y croire. Pour le reste, c'est un peu douloureux.
Un peu fou tout en restant fidèle à l'esprit hédoniste, ce "Casanova Variations" aurait pu être un grand moment de cinéma. Sa réalisation paresseuse le relègue malheureusement dans les étages inférieurs.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.