"Jack le chasseur de géants" : Bryan Singer signe un conte d'heroic fantasy
De Bryan Singer (Etats-Unis), avec : Nicholas Hoult, Eleanor Tomlinson, Ewan McGregor, Stanley Tucci - 1h50 - Sortie : 27 mars
Synopsis : Lorsqu’un jeune fermier ouvre par inadvertance la porte entre notre monde et celui d’une redoutable race de géants, il ne se doute pas qu’il a ranimé une guerre ancestrale. Débarquant sur Terre pour la première fois depuis des siècles, les géants se battent pour reconquérir leur planète et le jeune homme, Jack, doit alors livrer le combat de sa vie pour les arrêter. Luttant à la fois pour le royaume, son peuple et l’amour d’une princesse courageuse, il affronte des guerriers invincibles dont il s’imaginait qu’ils n’existaient que dans les contes. L’occasion, pour lui, de devenir une légende à son tour.
Remontant au XIIe siècle anglais, l’histoire de Jack comprend plusieurs versions, comme il est de mise avec les contes et légendes. Celle qu’en donne Bryan Singer lie en fait deux contes : « Jack et le haricot magique » et « Jack le tueur de géants ». Mais comme nombre de contes médiévaux récemment (ré)adaptés au cinéma (« Blanche Neige », « Hansel et Gretel »…), ces nouvelles versions font largement appel à l’esthétique de l’héroic fantasy, très en vogue depuis le succès de la version filmée du « Seigneur des anneaux ».
« Jack » avait déjà fait l’objet d’une adaptation très libre au cinéma signée Nathan Juran en 1962, sous le titre « Jack, le tueur de géant » avec Kewin Mattews ». Plus explicitement médiévale, cette version n’en faisait pas moins appel à de nombreuses créatures fabuleuses, animées par Jim Danforth, selon la technique du « stop motion » inventée par Willis O’Brien (« King Kong), poursuivi avec maestria par l’immense Ray Harryhausen (« Jason et les Argonautes »). La technique a laissé place aujourd’hui aux images de synthèse dont fait abondamment usage le film de Bryan Singer pour visualiser son colossal haricot lorsqu’il grimpe jusqu’au ciel et ses armées de géants. Il n’en délaisse pas pour autant des techniques plus anciennes, mécaniques, et utilise de véritables matières pour la texture de sa plante magique.
Relief et motion capture
La direction artistique, essentielle à la réussite de « Jack le chasseur de géant » est digne des blockbusters du moment. De belle facture, elle fait appel à quelque 2000 costumes et des décors somptueux pour la cité et le palais royal. Le film privilégie l’image et les scènes spectaculaires au détriment de l’émotion, tout en soignant le récit et l’action qui sont au premier rang. Tourné directement en relief grâce à une caméra de nouvelle génération, son usage est particulièrement réussi et pertinent envers le sujet. Les rôles, eux, par définition pour un conte, ne sortent guère des archétypes, en l’occurrence un fermier au destin héroïque, une vaillante princesse, un preux chevalier confronté à un traitre envers son roi…
Reste les géants. Réalisés en « motion capture », cette technique consiste à filmer des acteurs sur lesquelles sont appliqués des capteurs, afin de visualiser leurs mouvements, dans un second temps recouverts de textures graphiques numériques, afin de visualiser des créatures fabuleuses, comme King Kong, ou Gollum dans « Le Seigneur des anneaux ». Ces géants sont en tous points superbes, avec un chef affublé de deux têtes, particulièrement réussi, tout comme le cuisinier qui nous vaut peut-être la meilleure scène du film. Sans oublier l'attaque du palais, avec ses lancés d'arbres en feu très impressionnants.
Comme on le voit, il est beaucoup question d’effets spéciaux dans « Jack le chasseur de géants ». Mais pas seulement, le film s’offrant comme une belle production d’aventures épiques, un spectacle familial qui tient ses promesses, derrière lequel l’on sent un metteur en scène exigeant, en Bryan Singer.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.