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"J'ai perdu mon corps", remarquable conte animé pour adultes sur l'identité, récompensé à Cannes et à Annecy

Le premier film d’animation de Jérémy Clapin sort des sentiers battus, par sa beauté, son propos et sa poésie.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
"J'ai perdu mon corps" de Jérémy Clapin. (Copyright Rezo Films)

Adapté du roman éponyme de Guillaume Laurant, J'ai perdu mon corps fait l’unanimité de la critique et du public en remportant le Grand prix de la Semaine de la critique à Cannes, ainsi que le Grand prix et le Prix du public au Festival international du film d’animation d’Annecy. De belles récompenses qui saluent le talent de Jérémy Clapin et de son équipe à la réalisation, mais aussi l’audace d’un film hors du commun qui sort dans les salles le 6 novembre.

La belle aventure de "J'ai perdu mon corps"
La belle aventure de "J'ai perdu mon corps" La belle aventure de "J'ai perdu mon corps"

La bête aux cinq doigts

Une main coupée s’échappe d’un laboratoire. Elle entreprend un périple à travers Paris, à la recherche du corps dont elle a été séparée. En parallèle Naoufel, qui sort de l’adolescence, vit chez son oncle depuis la mort de ses parents. Livreur de pizzas, il tombe amoureux d’une de ses clientes, Gabrielle, et décroche un travail de menuisier chez son oncle pour la retrouver. Souvenirs de Naoufel, cavale de la main à travers la ville, et trouble de Gabrielle, s’emmêlent pour tisser une histoire commune.

Le thème de la main coupée toujours vivante est un classique du fantastique. On la retrouve dans Les Mains d’Orlac, roman de Maurice Renard quatre fois adapté au cinéma, La Bête aux cinq doigts de Robert Florey en 1945, ou encore comme membre de La Famille Addams de Chas Addams, aux multiples versions télévisées et filmées. Son avatar, dans J’ai perdu mon corps, laisse de côté l’horreur au profit d’un sens plus métaphorique, la quête d’identité.

Réalisme poétique

La main est en effet un symbole identitaire fort, plus que tout autre organe physique, y compris les yeux. Elle est marquée de signes facilement identifiables absolument uniques à chaque individu, comme les lignes de la paume ou les empreintes digitales. Elle est aussi le membre par lequel les devins et devineresses décryptent la personnalité, le passé et l’avenir de leurs consultants. Cette main qui cherche son corps dans le film, répond à l'appel de Naoufel qui se cherche. Il se trouvera en découvrant l’amour, quand sa main sera revenue vers lui.

"J'ai perdu mon corps" de Jérémy Clapin. (Rezo Films)

L’auteur du roman, Guillaume Laurant, a contribué à l’adaptation avec le réalisateur Jérémy Clapin. Ils sont parvenus à une écriture très élaborée, où se mélangent passé, présent et fantasmagorie dans une projection visuelle très graphique et épurée. Les scènes retraçant le périple de la main à travers Paris et tous ses dangers sont remarquables, le film privilégiant l’image sur la parole. Véritable odyssée sentimentale et physique, J’ai perdu mon corps évoque le réalisme poétique de Carné et Prévert. Une très belle réussite de l’animation française. 

"J'ai perdu mon corps" de Jérémy Clapin : l'affiche. (Rezo Films)

La fiche

Genre : Animation / Fantastique
Réalisateur : Jérémy Clapin 
Acteurs (voix) : Hakim Faris, Victoire Du Bois, Patrick d'Assumçao
Durée : 1h21 

Pays : France
Sortie : 6 novembre
Distributeur : Rezo Films

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis
 : A Paris, Naoufel tombe amoureux de Gabrielle. Un peu plus loin dans la ville, une main coupée s’échappe d’un labo, bien décidée à retrouver son corps. S’engage alors une cavale vertigineuse à travers la ville, semée d’embûches et des souvenirs de sa vie jusqu’au terrible accident. Naoufel, la main, Gabrielle, tous trois retrouveront, d’une façon poétique et inattendue, le fil de leur histoire...

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