"I Used to Be Darker" : chronique mineure d'une famille éclatée
De Matthew Porterfield (Etats-Unis), avec : Deragh Campbell, Hannah Gross, Kim Taylor - 1h30 - Sortie : 25 décembre 2013
Synopsis : Fuyant le foyer familial en Irlande du Nord, Taryn, une adolescente, trouve refuge chez sa tante Kim à Baltimore, aux Etat-Unis. Celle-ci est en train de se séparer de son compagnon, Bill, sous le regard réprobateur de leur fille Abby.
Ruptures
Tout le monde part, revient, ou non, dans « I used to BeDarker ». Matthew Porterfield filme cette histoire minimaliste comme si elle se déroulait sous son objectif, donnant l’impression d’une improvisation constante, ce qui n’est pas le cas, le film résultant d’un scénario très écrit. Cette forme, le cinéaste la déduit de ses expériences précédentes à la texture plus libre. Comme s’il avait réalisé le mixage entre une élaboration écrite en amont et une réalisation en aval.
Ce réalisme provient sans doute du fait que Matthew Porterfield a écrit le film avec Amy Belk, à l’issue de leur divorce. Le film, écrit à quatre mains, est donc marqué de leur expérience, au croisement d’une fin de vie et le début d’une autre, avec les déceptions et révélations qui en découlent. Mais ils ne sont pas les seuls écartelés dans cette histoire. Leur personnage principal, Taryn, est en fugue entre l’Irlande et Baltimore. Agée de 19 ans, enceinte, elle n’a pas prévenu ses parents de son état et est, elle aussi, en rupture de ban.
Une influence diffuse
Ayant rompu avec ses parents, Taryn se retrouve chez sa tante, ou plutôt son oncle, et sa cousine qui, elle aussi, va fuir le foyer. Ces ruptures en cascades rythment le récit comme l’imbrication de poupées russes. Mais rapprochements ou tentatives de retour n’en sont pas moins présents. D’où l’impression que ce qui arrive aux personnages leur échappe totalement, comme s’ils étaient tous sous une emprise extérieure diffuse. Aucunement maître de leur destin, mais des bouchons voguant à la dérive.
Cet éclatement familial à tous les étages est quelque peu tempéré par le thème musical du film, où la notion de groupe constitue un autre type de famille, sans doute la plus optimiste. Mais elle n’est pas non plus fleur bleue… Dommage à ce titre que les trois titres chantés en entier dans le film ne soient pas sous-titrés, même si l’on comprend que leur sujet tourne autour de la déception amoureuse, au centre du film. « I Used to Be Darker » laisse moins de trace que « Putty Hill », mais sa petite musique vaut d’être écoutée.
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