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« Holy Motors » : Leos Carax pathétique flamboyant

De Leos Carax (France), avec : Denis Lavant, Edith Scob, Eva Mendes, Kylie Minogue, Michel Piccoli, Jean-François Balmer, Elise Lhomeau - 1h50 - Sortie : 4 juillet
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
"Holy Motors" de Leos Carax
 (Pierre Grise Distribution )

Synopsis : De l'aube à la nuit, quelques heures dans l'existence de Monsieur Oscar, un être qui voyage de vie en vie. Tour à tour grand patron, meurtrier, mendiante, créature monstrueuse, père de famille... des rôles de cinéma qu'il endosse tour à tour.

Gribouille
Selon Leos Carax, le cinéma est mort et pour le sauver tuons-le encore pour le ressusciter. « Holy Motors » retrace une histoire du cinéma à travers son personnage multiforme, Oscar, interprété par Denis Lavant, qui réincarne toute une histoire du cinéma.

Il traverse Paris dans une limousine conduite par Edith Scob, référence aux « Yeux sans visage » (1960) de Georges Franju, signifiant que sans personnalité, pas de vision. S’ensuit, de ce film aux fulgurances multiples, l’impression du syndrome de Gribouille, garçon de ferme effrayé de tomber dans la mare de la ferme où il travaille, qui s’y jette pour échapper à sa peur..

C’est un des sens du film, assez ésotérique, qui se présente sous la forme de sketches successifs, auxquels prévalent les métamorphoses de Denis Lavant. Alternativement acteur parsemé de capteurs numériques, dans un exercice à la « Star Wars » de toute beauté ; puis Lavant pharaonique, synthèse de la femme fatale du cinéma muet ; quelques mirages de pellicule plus tard, il est Dave Bowman de « 2001 l’Odyssée de l’espace ».

Denis Lavant dans "Holy Motors" de Leos Carax
 (Les Films du Losange)

Egotisme
Pourquoi ne pas s’auto-citer dans ce panégyrique ? Lors d’une magnifique scène à l’intérieur du magasin Samaritaine, à Paris, alors que le site est en déconstruction. Filmé de l’intérieur, il offre un décor postindustriel de toute grandeur. Des plans récurrents cadrent le Pont-neuf, tout proche. Ah ! Mais c’est bien sûr, « Les Amants du Pont neuf » de Léos Carax de 1988. Avec un clip de Kylie Minogue, filmé à la Jacques Demy, à la clé.

Il résulte de cet étalage, un pathos incompréhensible, au Béotien du cinéma qui n’aura pas les références et ne pourra donc pas décrypter le film. Peu s’en faut. Le cinéaste s’en défend, voyant dans les métamorphose de son Oscar, un acharnement à la vie. Ce qui compte s’est d’être emporté par le flux. Carax sait faire. Cela est sûr. Comme disait Godard, l’essentiel est que cela soit beau. C’est le cas.

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