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"Hijacking" : piraterie en haute mer par le scénariste de "Borgen"

Scénariste de la série télé danoise « Borgen , une femme de pouvoir » - tenue pour un modèle du genre en matière de série politique -, mais également de « La Chasse » de Thomas Vinterberg - Prix d'interprétation à Mads Mikkelsen à Cannes en 2012 -, Tobias Lindholm passe avec talent à la réalisation avec « Hijacking », après avoir signé à quatre mains « R ». Bien plus qu'un simple thriller maritime
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Pilou Asbæk dans "Hijacking" de Tobias Lindholm
 (Ad Vitam)

De Tobias Lindholm (Danemark), avec : Pilou Asbæk, Søren Malling, Dar Salim, Roland Møller - 1h39 - Sortie : 10 juillet 2013

Synopsis : En plein océan Indien, le navire danois "MV Rosen" est pris d’assaut par des pirates somaliens qui retiennent en otage l’équipage et réclament une rançon de 15 millions de dollars. Parmi les sept hommes restés à bord, Mikkel, le cuisinier, marié et père d’une petite fille. Prisonnier et affaibli, il se retrouve au cœur d’une négociation entre Peter, le PDG de la compagnie du cargo, et les pirates. Pour l’armateur, sauver ses hommes est un devoir. Mais le sang-froid et les millions suffiront-ils à ramener tous ses marins dans leur famille ?

Réalisme
Le film précédent de Tobias Lindholm, coécrit et coréalisé avec Michael Noer était titré « R ». « R » comme réalité. Un postulat de départ que l’on retrouve dans « Hijacking » (« détournement »), la volonté de coller au réel se retrouvant dans le parti pris esthétique, mais également dans d’autres composantes. Comme le navire porte-conteneurs - principal décor- que la piraterie somalienne a véritablement pris en otage par le passé ; le tournage en plein océan indien - lieu de l’action, ou l’interprète du consultant spécialiste en sécurité maritime internationale, qui joue son propre rôle.

« Hijacking » n’est toutefois pas documentaire, mais joue à fond la carte d’un réalisme, dont la teneur transpire dans chaque image. Ce principe vaut tout autant pour la reconstitution des négociations entre les pirates et la compagnie maritime danoise, basée à Copenhague. Avec les brainstormings quotidiens, les dilemmes successifs auxquels les dirigeants - son PDG au premier chef, volontaire pour diriger directement les pourparlers, à l’encontre de l’avis du consultant sécuritaire -, puis la stratégie usitée pour faire baisser le montant de la rançon…

Søren Malling dans "Hijacking" de Tobias Lindholm
 (Ad Vitam)

Dramaturgie
Le film alterne les séquences sur le navire et les réunions dans les alcôves de la compagnie danoise. Ces dernières ne sont pas sans évoquer « Marging Call », de J. C. Chandor, film sur les origines de la déroute financière de 2008. Car l’argent est le nerf de la guerre et les dirigeants n’ont qu’un but, faire baisser les enchères, avec dans l’ombre la pression des actionnaires, impatients de sortir de la situation de crise. En face d’eux, des otages, qui semblent passer au second plan.

Si le réalisme est le maître mot de « Hijacking », sa dramaturgie n’est pas pour autant hasardeuse. Raconté du point de vue du cuisinier du navire, pris par les pirates comme principal interlocuteur avec Copenhague, la progression du récit est donnée de l’intérieur avec une force émotionnelle majeure. Le personnage permet une adhésion du spectateur à la situation, élément essentiel de la réussite du film. Aussi, la dégradation des conditions de vie sur le navire, les négociations s’enlisant, les tensions de plus en plus fortes, le manque de denrées, l’apparition de maladies, les menaces de mort, passent par son regard, pour faire gagner le récit en intensité, en maintenant constamment l’attention, sans aucun… détournement.

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