"Fury" : Brad Pitt à la tête d'un film de bruit et de fureur
4 / 5 ★★★★☆
De David Ayer (Etats-Unis), avec : Brad Pitt, Shia LaBeouf, Logan Lerman, Michael Peña - 2h14 - Sortie : 22 octobre 2014
Interdit au moins de 12 ans
Synopsis : Avril 1945. Les Alliés mènent leur ultime offensive en Europe. À bord d’un tank Sherman, le sergent Wardaddy et ses quatre hommes s’engagent dans une mission à très haut risque bien au-delà des lignes ennemies. Face à un adversaire dont le nombre et la puissance de feu les dépassent, Wardaddy et son équipage vont devoir tout tenter pour frapper l’Allemagne nazie en plein cœur…
Chef charismatique
"Fury" ne se réfère à aucun épisode historique de la Seconde guerre modiale, hormis celui qui engagea les Alliés à poursuivre les troupes nazies jusqu’en Allemagne. Une excellente idée de scénario, peu portée à l’écran, qui voit ici un bataillon de chars américains confronté à une résistance germanique acharnée, où sont engagés les soldats, mais aussi femmes et enfants, exécutés s’ils ne s’ enrôlent pas. Qualifié de "guerre totale", vue la mobilisation de tout un pays dans un effort démesuré voué à l’échec, cet épisode d’une violence extrême, repose sur des autorités dictatoriales et une population, pour une partie, fanatisée.
Face à cette résistance, les troupes américaines n’ont pas moins de haine envers leurs ennemis. Le langage ordurier de Don Collier (Brad Pitt) s'adresse à des nazis et non à des Allemands. Toutefois, les actes forcés à l’égard des femmes, civiles, par certains G.I’s ne sont pas occultés. Mais le sujet de fond de "Fury" reste l’initiation à la guerre d’un jeune américain de 19 ans, Norman, à l’intérieur d’un char occupé par une troupe de "fiers à bras" sous la gouverne de Collier. Chef charismatique, il les a menés d’Afrique du Nord, en Normandie, puis jusqu’en Allemagne, dans ce char devenu mythique à leur yeux, surnommé "Fury"
Du sang, de la sueur et des larmes
L’initiation dans ce milieu viril est rude. Collier ne ménage pas Norman. Il doit apprendre à tuer et vite. L’apprentissage ne se fera pas sans mal, mais la jeune recrue dépassera toute attente, allant jusqu’à déclarer "aimer ça". La vision de la guerre est loin d’être édulcorée. Les combats sont d’une grande violence, les cadavres s’entassent, le sang coule, des pendus jalonnent la route, la crasse est partout… Le film baigne dans une unité colorée grise, boueuse et pluvieuse. La puissance sonore des tirs est assourdissante. Un moment de répit de courte durée s’instaure après la prise d’un village. Mais la violence ne sera pas totalement absente, dans une tension palpable et une conclusion traumatisante.
Habitué du film d’action et autres thrillers, David Ayer évite de tomber dans le film "bourrin", même s’il est musclé. La mise en scène a une véritable ampleur et les personnages une épaisseur certaine, chacun étant, comme le char, affublé d'un surnom. L’épisode dans le village occupé est inattendu et offre des moments dramatiques où se révèlent des dissensions entre les protagonistes. La dramaturgie ira croissante comme l’intensité des combats, jusqu’à un final apocalyptique. Une fresque épique et violente, mais sans complaisance.
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