"Dracula (3D)" : Dario Argento fait dans l’épouvante nostalgique
De Dario Argento (Italie/France/Espagne), avec : Rutger Hauer, Marta Gastini, Asia Argento, Thomas Kretschmann, Unax Ugalde - en 3D relief - 1h46 - Sortie : 27 novembre
Synopsis : Un château maléfique en Transylvanie, en 1893. Jonathan Harker, venu d’Angleterre, va saisir peu à peu ce que cache l’étrange personnalité du comte Dracula dont il est chargé de répertorier l’immense bibliothèque. Jonathan va se retrouver prisonnier de son hôte, et découvrir avec effroi de sanglants mystères et les facettes inquiétantes de la vie nocturne de Dracula. » Il va vite comprendre dans quel piège il est tombé.
Quant à Mina, la femme d’Harker, elle subira, envoûtée, le « charme » des maléfices d’un Dracula, monstre la nuit et séducteur le jour, à la recherche, au travers de ses baisers sanglants, de l’amour éternel jamais assouvi.
Projeté en séance de minuit à Cannes il y a deux ans, « Dario Argento’s Dracula 3 D » avait alors valu une standing ovation au maître de l’horreur italienne des années 7O. Elève de Mario Bava, il s’est distingué dans l’art du gialo – le thriller à l’italienne -, puis dans le fantastique, avec « Suspiria » et « Inferno ». Il s’est attaqué à une énième adaptation de Dracula qui rend hommage aux films de la Hammer avec Christopher Lee.
Le film sent bon les réalisations épiques des années 50 à 70, où le prétexte fantastique, que l’on appelait « épouvante » - alors cantonné aux seules productions bis - permettait d’injecter un peu d’érotisme à l’image : un sein, une cambrure dénudée, des lèvres perlées… Argento replonge dans ces émois surannés en réalisant un film résolument daté, destiné aux « bisseux » (les amateurs de cinéma Bis), sans se prendre une seconde au sérieux, en recréant un style. Filmé en 3D, la recette ne fait que rajouter au procédé. Sexy et gore
Le film est bien entendu vendu au premier degré, mais on ne s’y trompe pas. L’esthétique est celle de la Hammer, avec ses forêts hantées, ses auberges inhospitalières, ses décolletés plongeants et effeuillages sans vergogne. Il filme au passage la nudité de sa sculpturale fille, Asia, avec une complaisance certaine, alors que son jeu est des plus approximatifs. Il n’y a pas de mal à se faire du bien… Argento y ajoute une bonne dose de gore, à sa manière, ce qui complète le tableau.
Thierry Frémaux, directeur délégué du festival, avait annoncé la projection du film à Cannes, comme la preuve que les « grands cinéastes ne meurent jamais ». Le problème, c’est que Argento vit sur son passé. Tous ses derniers films, depuis longtemps, sont des échecs artistiques patents. Son film précédent, « Gialo », avec Adrian Brody et Mathilde Seigner est passé pratiquement inaperçu e, 2011, et « Mother of Tears » qui clôturait sa trilogie des Trois mères entamée avec « Suspiria », puis « Inferno », est sorti directement en DVD. Espérons que le retour du maître en meilleure forme ne reste pas qu’un vœu pieux.
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