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Dans "War Dogs", le réalisateur de "Very Bad Trip" devient marchand d'armes

S’il a réalisé onze films, Todd Phillips a comme principal fait d’armes d’avoir signé "Very Bad Trip" (2009) dont le succès planétaire a engendré deux suites. Persistant dans le registre de la comédie avec "War Dogs", projeté en clôture du Festival de Deauville, il fustige le système américain en adaptant avec humour la véritable histoire de deux marchands d’armes pas comme les autres.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Jonah Hill et Miles Teller dans "War Dogs" de Todd Phillips
 (2016 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC.)

Saigneurs de la guerre

Sur le papier et à l’écran, "War Dogs" fait irrémédiablement penser à "Lord of War" de Andrew Niccol, avec Nicolas Cage en 2005. Tous deux s’inspirent de faits réels, traitent de trafiquants d’armes américains à la fin du XXe siècle, et usent d’un ton non sans cynisme. Les deux films mettent également en perspective les dégâts collatéraux sur leur vie privée de leurs activités répréhensibles. Les deux titres se ressemblent, et les films reposent sur l’histoire d’un binôme (deux frères ; deux amis d’enfance). Alors, copié-collé ? Heureusement, les différences prennent le dessus.
Si un humour persifleur parcourait "Lord of War", un rire plus franc habite "War Dogs". Ce dernier joue franchement de la comédie, alors qu'un drame dominait le premier. Yuri Orlov (Nicolas Cage) était calibré pour le job dans lequel il est "le meilleur" ; David (Miles Teller) et Efraim (Jonah Hill) sont des bras cassés qui trouvent dans le trafic d’armes le moyen de s’en sortir… et au-delà. Un sens aigu de la débrouille plutôt qu'une vocation. Ils n’en sont que plus sympathiques. L’on plaignait Yuri de se laisser dépasser par ses actes ; on espère vraiment que David et Efraim se tireront d'affaire, malgré leurs agissements coupables et leurs conséquences sanglantes.
War Dogs de Todd Phillips
 (2016 Warner Bros. Entertainment Inc.)

Etats complices

Miles Teller ("Divergente") et Jonah Hill ("Le Loup de Wall Stree") sont taillés pour leurs rôles. Ils tirent le meilleur de dialogues savoureux et de situations qui, si elles sont dramatiques, sont traités avec cocasserie pour atteindre un humour ravageur. La cible est plus le cynisme des Etats complices - avec au premier chef les Etats-Unis - que les trafiquants. La mise en scène est moins audacieuse que celle de "Lord of War", mais joue admirablement du rythme indispensable à toute comédie, servie par une écriture enlevée qui donne la part belle aux personnages.

Sur un sujet grave, Todd Phillips signe un paradoxal "feel good movie" déclencheur d’un rire constant. Le suspense n’en n’est pas moins présent, introduit par une scène d’ouverture sur laquelle s’enchaîne un retour en arrière expliquant les origines d’une situation pour le moins dramatique. Action, émotion et rire ne mollissent pas une seconde. Pas un temps mort dans "War Dogs" pour lequel on dégaine sa place.
"War Dogs" : l'affiche française
 (Warner bros. France)

LA FICHE

Comédie de Todd Phillips (Etats-Unis) - Avec : Miles Teller, Jonah Hill, Ana de Armas, Bradley CooperKevin Pollak - Durée : 1h55 - Sortie: 14 septembre 2016

Synopsis : Deux copains âgés d'une vingtaine d'années vivant à Miami Beach à l'époque de la guerre en Irak, profitent d'un dispositif méconnu du gouvernement fédéral, permettant à de petites entreprises de répondre à des appels d'offres de l'armée américaine. Si leurs débuts sont modestes, ils ne tardent pas à empocher de grosses sommes d'argent et à mener la grande vie. Mais les deux amis sont totalement dépassés par les événements lorsqu'ils décrochent un contrat de 300 millions de dollars destiné à armer les soldats afghans. Car, pour honorer leurs obligations, ils doivent entrer en contact avec des individus très peu recommandables… dont certains font partie du gouvernement américain…

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