"Daaaaaali !" : Quentin Dupieux filme un Dali à six têtes, fidèle à son modèle

Le réalisateur de "Yannick" s’attaque à une icône de l’art, dans un biopic qui n’en est pas un, avec six grands comédiens pour l’incarner.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Édouard Baer et Anaïs Demoustier dans "Daaaaaali !" de Quentin Dupieux (2024). (DIAPHANA DISTRIBUTION)

Le surréalisme, dont Salvador Dali est totémique, repose sur l’association d’éléments hétéroclites comme source de poésie. Selon ce modèle, Quentin Dupieux choisit six comédiens pour être Dali à l’écran : Gilles Lellouche, Édouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Didier Flamant et Boris Gilot.

Sur les écrans mercredi 7 février, Daaaaaali ! a toute la cohérence surréaliste d’un tel projet, avec un Quentin Dupieux au mieux de sa forme.

L’extravagance incarnée

Réalisateur de Rubber, l’histoire d’un pneu serial killer, qui de mieux que Quentin Dupieux pour évoquer à l’écran le pape du surréalisme Salvador Dali ? Sans affinités particulières pour le peintre, c’est le personnage surdimensionné qui fascine le cinéaste. En constante représentation de la "créature" qu’il s’est créée, et en parlant de lui-même à la troisième personne, Dali était l’extravagance incarnée, un style de vie. Multiple par définition, car inattendu dans ses moindres gestes et paroles, logique que six comédiens se relaient pour l’incarner à l’écran.

Cette invention pourrait polluer le projet avec la tentation de dépister chaque acteur derrière le masque de Dali, lui, reconnaissable entre tous. Ce n’est pas le cas, puisque le processus se fond totalement à la mise en scène qui joue de ce parti, cohérent avec l’imprévisibilité du personnage. Le plaisir de découvrir les différents acteurs se relayer sous une même défroque n'en est pas moins à chaque fois renouvelé.

Faire plier la réalité

La préparation d’un documentaire sur le maître par Anaïs Demoustier et ses échanges avec son producteur (Romain Duris) constituent le fil rouge reliant les différentes rencontres de la journaliste avec Dali. Il n’y a donc pas de réelle histoire, plutôt une suite de tableaux entre Cadaquès (la résidence de Dali) et Paris, où la nature de l’artiste prend le dessus dans chacun de ses actes. Le Dali de Quentin Dupieux exprime sa détermination à agir comme il l’entend, de plier la réalité à son seul désir. Ainsi sa volonté de rouler en Rolls sur la plage, par exemple, où elle n’a rien à faire, et dont le poids l’enfonce dans le sable. Un acte surréaliste en soi : Dali, maître du monde.

Pas de doute que Salvador Dali avait le talent de se mettre en scène. Et son rapport à l’art dans tout cela ? Dali était une œuvre d’art à lui tout seul. Quentin Dupieux n’a pas choisi d’en faire un biopic historique en reconstituant son rôle dans le surréalisme au côté de Picabia, Miró ou André Masson, mais de le croquer dans ses dernières années. Comme si l’instant condensait une vie multiple en un moment rassemblé.

L'affiche de "Daaaaaali" de Quentin Dupieux (2024). (DIAPHANA DISTRIBUTION)

La fiche

Genre : Biopic
Réalisateur : Quentin Dupieux
Acteurs : Gilles Lellouche, Édouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Didier Flamant, Boris Gilot, Anaïs Demoustier, Romain Duris, Catherine Schaub-Abkarian
Pays : France
Durée : 1h18
Sortie : 7 février 2024
Distributeur : Diaphana Distribution

Synopsis : Une journaliste française rencontre Salvador Dali à plusieurs reprises pour un projet de documentaire.

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