"Comme un avion" de Bruno Podalydès : une petite dose de bonheur
Il incarne lui-même le rôle principal de Michel, infographiste dans une boîte qui tolère qu'il ait toujours la tête d'ailleurs. Amoureux de l'Aéropostale, Michel est un velléitaire qui se contente de porter une veste "Mermoz" pour nourrir ses rêves. Mais lorsqu'il se commande à grand frais un kayak et tout le matériel qui va avec, sa femme (Sandrine Kiberlain) le conduit, lui et son kayak, à la rivière.
"C'est sûr qu'il y a une part autobiographique" reconnaît le réalisateur. Le petit Bruno construisait des modèles réduits d'avions et rêvait de la camaraderie de l'Aéropostale et de la solitude de "Vol de nuit" de Saint-Exupéry. A 20 ans, il se met au kayak, qu'il pratique toujours. "J'ai quelques obsessions", sourit-il. La passion de Michel pour le matériel sophistiqué, c'est encore lui. "J'aime bien le matos, je suis admiratif du génie humain qui se déploie dans les objets, la machine à rouler les cigarettes je trouve ça merveilleux!".
Le film se laisse voir "au fil de l'eau", comme Michel vogue dans son kayak au gré de péripéties cocasses -on pense à "Liberté Oléron" du même auteur. Bruno Podalydès croque joliment une petite communauté "hors du monde", autour de la patronne d'une guinguette champêtre, Lætitia (Agnès Joui) qui materne tout un petit monde joyeusement bohème."C'est un peu l'idée que je me fais du bonheur à portée de main, c'est mon optimisme", affirme Bruno Podalydès. "J'y crois beaucoup,au bonheur de la nappe à carreaux, de la sieste ...
"A rebrousse poil d'un cinéma français réaliste et social ("La Tête haute" d'Emmanuelle Bercot sur un jeune délinquant, "La loi du marché" de Stéphane Brizé sur un chômeur), Bruno Podalydès cultive une veine fantaisiste, une légèreté qui ne se prend pas au sérieux mais rappelle que le bonheur se cueille peut-être au détour d'un chemin. "Nous prendrons le temps de vivre, d'être libre, mon amour..." chante Moustaki, tandis que Michel joue de l'ukulélé sous sa tente Quechua. On se laisse prendre au charme d'une nature sensuelle, qui n'est pas sans rappeler le cinéma de Jean Renoir. "+Partie de campagne+ fait partie de mes films préférés, pour cette liberté, cette légèreté de Renoir lorsqu'il filmait. Il disait lui-même qu'il laissait la porte ouverte du plateau, où la vie rentrait", rappelle Bruno Podalydès.
Le film offre de jolis rôles à de grands acteurs
Kiberlain, Jaoui et Arditi irrésistible en pêcheur irascible ("kayak-connard", hurle-t-il). "Pierre râlait tout le temps parce qu'il avait un rôle de plus en plus petit dans mes films, je l'ai pris au mot et je lui ai proposé ce rôle, alors qu'il n'a jamais touché une canne à pêche! Il a été très généreux, c'est pas facile d'être dans l'eau jusqu'à la taille avec des bottes remplies d'eau et de courir en palmes dans une prairie!" Michel est rattrapé dans sa balade buissonnière par le système de géolocalisation de son téléphone portable, qui renseigne sa femme sur ses véritables activités, plus amoureuses que nautiques ..."Il faut résister à ces techniques qui nous obligent à rendre compte en permanence de notre vie, il faut rester secret pour garder sa liberté", souligne le metteur en scène, qui avoue "mettre parfois le portable en mode avion" pour respirer.
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