« Cloclo » : Claude François mis à nu
Synopsis : le destin tragique d’une icône de la chanson française décédée à l’âge de 39 ans, qui plus de trente ans après sa disparition continue de fasciner. Star adulée et business man, bête de scène et pro du marketing avant l’heure, machine à tubes et patron de presse, mais aussi père de famille et homme à femmes…
« Cloclo », le biopic de Florent-Emilio Siri sur Claude François, avec Jérémie Renier dans le rôle-titre est le film le plus attendu de ce premier trimestre. Le résultat est à la hauteur des attentes, que l’on aime ou pas l’artiste. Le sujet est ailleurs. Claude François est un cas à plus d’un titre et tout un chacun a une chanson de lui dans un coin de sa tête. Quant à Jérémie Renier, il y est époustouflant.
Le biopic est le genre phare du moment et les biographies de musiciens y tiennent une place prépondérante. S’attaquer à Claude François est un défi, comme en son temps fut celui de filmer la vie de Ray Charles ("Ray", 2004). Un défi car le personnage, le chanteur le plus populaire en France des années 70, a un côté sombre des plus complexes à faire passer. Alors que les narcotiques et l’alcool sont souvent au cœur des biographies de musiciens, pour Claude François, sa drogue, c’était la réussite et les femmes.
C’est la grande réussite de Florent-Emilio Siri et de son scénariste Julien Rappeneau de faire passer les contradictions de l’homme, son talent et sa personnalité insupportable pour son entourage professionnel comme pour sa famille. « Cloclo » aborde toutes les facettes avec une continuité infaillible. C’est que les deux se confondaient chez Claude François, du moins est-ce l’analyse qu’en donne le film. La reconstitution, sur 35 ans de carrière, est remarquable et la photographie de Giovanni Fiore Coltellacci rappelle souvent les clichés de Jean-Marie Périer qui a beaucoup photographié Claude François, du début à la fin.
Chronologique, « Cloclo » met en exergue la place du père qui aurait influé sur le perfectionnisme légendaire de son fils, tout en entrant en conflit avec lui dans son choix professionnel qu’il identifie à celui d'un saltimbanque. Pour les auteurs du film, tout Claude François découle de cette volonté d’affirmer son talent, de devenir LA star, pour sortir sa famille de la chute qu’a constitué son rapatriement en France après la crise du canal de Suez en 1956, qui équivaut à l’« échec » du père.
Au-delà de la ressemblance physique entre Jérémie Renier et son modèle, l’acteur dégage une aura rarement vue à l’écran. Il est plus question de présence que de mimétisme. La mise en scène parcourt avec précision les 35 ans sur lesquels se déroule film, avec une énergie et une émotion en phase avec son sujet. Il ne cherche pas à l’hagiographie mais à transmettre la complexité d’une personnalité multiple, pleine de contradictions et génératrice d’une carrière atypique, dont l’écho se fait toujours entendre, 34 ans après sa disparition.
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