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"Captain Marvel", blockbuster d'une super-héroïne singuliÚre

Captain Marvel tient une place à part parmi les super-héros, puisque le patronyme renvoie à sept personnages différents, quatre masculins et trois féminins, qui se succÚdent depuis 1967 dans les Marvel Comics. Le film d'Anna Boden et Ryan Fleck se penche sur les origines à la fois terrestres et extraterrestres de son premier avatar, interprété par Brie Lanson et destiné à rejoindre les Avengers.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Brie Larson dans "Captain Marvel" de Anna Boden et Ryan Fleck
 (Chuck Zlotnick ©Marvel Studios 2019 )

Un peu d’histoire

Dans le comic-book originel de 1967 oĂč apparaĂźt Captain Marvel, signĂ© Stan Lee et Gene Colan, il s’agit d’un extraterrestre masculin de la civilisation Kree, appelĂ© Mar-Vell qui deviendra Marvel. Le scĂ©nariste Stan Lee cherche ainsi Ă  dĂ©poser et protĂ©ger le nom Marvel comme marque de sa sociĂ©tĂ© d’édition. Il reprend en fait Ă  son compte le nom d’un super-hĂ©ros nĂ© en 1940 inspirĂ© de Superman, devenu le plus populaire des hĂ©ros de comic books Ă  l’époque et adaptĂ© au cinĂ©ma dans un sĂ©rial (feuilleton hebdomadaire en avant-programme d'un long-mĂ©trage). Captain Marvel est depuis 2011 rebaptisĂ© Shazam, mot magique par lequel un orphelin, choisi par un sorcier millĂ©naire, acquiert automatiquement la sagesse de Salomon, la force d’Hercule et l’endurance d’Atlas.
Captain Marvel dans Whiz Comics #2 (1940)
 (Commons by User:Hyju)
Le personnage, suite Ă  un procĂšs intentĂ© Ă  Marvel, est revenu en 1972 dans le giron de D.C. Comics (Superman, Batman, Daredevil, Wonder Woman, Aquaman
), concurrent direct de Marvel qui en a fait tout autre chose, selon ses critĂšres. D. C devenu, comme Marvel, producteur, va sortir sa version cinĂ©ma de "Shazam" le 3 avril, en revenant Ă  l’original. Captain Marvel a, de ce fait, des origines et une histoire complexe, mais aussi une rĂ©sonnance unique dans le monde des super hĂ©ros, sa traduction en français Ă©tant "merveille". Une merveille Ă  la fois pour les lecteurs, le monde de l’édition et le cinĂ©ma, comme manne en termes d’imagination et financiers.

Captain Marvel aujourd’hui Ă  l’écran

Le scĂ©nario de "Captain Marvel" de Anna Boden et Ryan Fleck reprend les grandes lignes du comic book de 1967 avec des Ă©lĂ©ments Ă©parses de ses succĂ©danĂ©s (le passage du patronyme Mar Vell Ă  Marvel, le changement de costume
) Pilote d’essai, Carol Danvers se retrouve projetĂ©e dans l’espace Ă  la suite de l’expĂ©rimentation d’un appareil muni d’une source d’énergie d’origine extraterrestre qui, suite Ă  un crash, va l’investir d’une puissance incommensurable. Sa mĂ©moire effacĂ©e, elle est incorporĂ©e dans l’armĂ©e de la civilisation Kree en lutte contre les Skrulls qui envahissent planĂšte aprĂšs planĂšte et visent la Terre. Carol Danvers, devenue Mar Vell, va se retrouver au centre d’un conflit galactique qui met en pĂ©ril tout l’univers, oĂč ses pouvoirs joueront un rĂŽle dĂ©cisif.
Introduit par les images de la guerre spatiale qui oppose les Kree aux Skrulls, "Captain Marvel" s’ouvre sur des scĂšnes de space opĂ©ra (film de l’espace) de toute beautĂ©. Annonciateur d’un spectacle original, novateur et esthĂ©tique, si difficilement reproductible dans le monde des super-hĂ©ros, le film perd ce potentiel dĂšs que l’action se dĂ©roule sur Terre. La relance de l’intrigue par l’introduction de Fury (Samuel J. Jackson), futur leader des Avengers (groupe de super-hĂ©ros dĂ©fenseur de la Terre, Captain America, Iron Man, Hulk
) respecte l’intrigue originelle. Mais elle demeure maladroite par son dĂ©veloppement conventionnel, qui casse le rythme et la belle esthĂ©tique du film.

Un cahier des charges respecté

MalgrĂ© ces rĂ©serves, "Captain Marvel" est fidĂšle au style des productions Marvel : l’exigence visuelle Ă  tous les niveaux (dĂ©cors, costumes, effets spĂ©ciaux
), des interprĂštes impeccables dans des rĂŽles archĂ©typaux, et un humour second degrĂ© impayable dans lequel se retrouvent les fans comme les profanes. Une alchimie Ă  laquelle parviennent moins bien les productions D. C., avec des exceptions, telle la trĂšs belle rĂ©ussite de "Wonder Woman".
Jude Law et Brie Larson dans "Captain Marvel" de Anna Boden et Ryan Fleck
 (Chuck Zlotnick ©Marvel Studios 2019 )
Brie Lanson ("Kong : Skull Island") tient bien son rĂŽle-titre, mais se fait damer le pion par la guest star Jude Law qui campe son mentor extraterrestre Kree avec une conviction Ă©tonnante. Samuel J. Jackson reprend son rĂŽle de Fury de la franchise Avengers, qui incorporera Captain Marvel dans son prochain Ă©pisode "Avengers : Endgame" dont la sortie est attendue le 24 avril.

La fĂ©minisation du super hĂ©ros en Captain Marvel est symptomatique de la tendance actuelle du cinĂ©ma d’action ("Wonder Woman, "Alita", "Ghost in the Shell"
) Reflet d’une Ă©volution des mƓurs, elle est aussi le moyen d’attirer vers le cinĂ©ma d’action, traditionnellement masculin, un public fĂ©minin plus large. Ce qui ne l’empĂȘche pas de remplir son cahier des charges artistiques. MĂȘme si la "merveille" n’est pas totalement au rendez-vous, le spectacle est assurĂ©.
"Captain Marvel" : l'affiche
 ( The Walt Disney Company France )

LA FICHE

Drame de Anna Boden, Ryan Fleck 
Pays :Etats-Unis
Avec :   Brie Larson, Samuel L. Jackson, Jude Law, Ben Mandelshon, Annette Bening, Lashana Lynch, Gemma Chan, Djimon Hounsou
Durée : 2h04
Sortie : 6 mars 2019

Synopsis : Captain Marvel raconte l’histoire de Carol Danvers qui va devenir l’une des super-hĂ©roĂŻnes les plus puissantes de l’univers lorsque la Terre se rĂ©vĂšle l’enjeu d’une guerre galactique entre deux races extraterrestres.

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