"Captain America - le soldat de l'hiver" : Marvel sur écoutes
De Anthony Russo et Joe Russo (Etats-Unis), avec : Chris Evans, Scarlett Johansson, Robert Redford, Sebastian Stan, Samuel L. Jackson, Anthony Mackie - 2h16 - Sortie : 26 mars 2014
Synopsis : Steve Rogers alias Captain America vit à Washington, D.C. et essaye de s'adapter au monde moderne. Mais quand un collègue du S.H.I.E.L.D. est attaqué, Steve se retrouve impliqué dans un réseau d'intrigues qui met le monde en danger. S'associant à Black Widow, Captain America lutte pour dénoncer une conspiration grandissante, tout en repoussant des tueurs professionnels envoyés pour le faire taire. Quand l'étendue du plan maléfique est révélée, Captain America et Black Widow sollicite l'aide d'un nouvel allié, le Faucon. Cependant, ils se retrouvent bientôt face à un inattendu et redoutable ennemi : le Soldat de l'Hiver.
Savoir-faire
S'il y a un super-héros dont on prédisait des difficultés pour passer la barre de la transposition sur grand écran, c'est bien Captain America. Né de la plus pure propagande américaine durant la seconde guerre mondiale, affublé d'un collant, d'un masque et d'un bouclier aux couleurs du drapeau étoilé, le personnage avait peu de chance d'acquérir une quelconque crédibilité au cinéma, encore moins au plan international. Et bien si ! "Captain America : First Avenger" (2011) a fait un carton partout dans le monde, en s'octroyant de bonnes critiques, tout comme "Avengers".
Ce succès émane sans doute dans un premier temps du savoir-faire Marvel qui a insufflé a toute sa ménagerie une sérieuse dose de second degré. Dans un deuxième, les scénaristes ont creusé des profils psychologiques crédibles à des personnages monolithiques, et troisièmement, les scènes d'action et d'effets-spéciaux font mouche. Une recette qui prend toujours dans "Captain America – le soldat de l'hiver" (beau titre), à l'exception près que l'humour est moins à l'ordre du jour, même s'il perdure, dans un film très sombre, tant par son scénario qu'à l'image, en phase avec les préoccupations américaines actuelles.
Invasion intérieure
Après la vague post-11 septembre qui voyait toutes les forces américaines mobilisées contre un ennemi venu de l'extérieur, le système est désormais gangréné de l'intérieur. Le S.H.I.E.L.D, l'organisation garantissant la paix mondiale grâce à ses super-héros bienveillants, est infiltré de membres de l'HYDRA, puissance occulte née d'un déviant nazi qu'avait vaincu Captain Amrica dans "First Avenger". Le petit coup de génie du film est de faire endosser le rôle du traite (sans trop en dire) par le directeur-même du S.H.I.E.L.D, interprété par un Robert Redford qui doit sans doute jouer à cette occasion le premier rôle de "bad guy" de toute sa riche carrière.
Intéressant d'autre part de constater l'acuité des scénaristes de chez Marvel en prédisant le scandale des écoutes de la NSA, le scénario et le tournage de ce "Captain America" devançant de loin la découverte du pot aux roses, et faisant largement appel à ce thème, transposé au sein du S.H.I.E.L.D. Un modèle qui s'exporte fort bien d'ailleurs, les écoutes françaises, où tout le monde espionne tout le monde, étant fort en vogue ces derniers temps…
La réalisation de ce deuxième "Captain America" ne se démarque guère de celles des autres films de super-héros, avec son lot de bagarres homériques et d'explosions à tout va, agrémenté de bijoux technologiques, tels ces très beaux héliports volant gigantesques. A noter également, l'arrivée d'un nouveau venu au club : le Faucon, affublé d'ailes mécaniques du plus bel effet. Mais toutes ces pétarades finissent par quelque peu lasser au bout de plus de deux heures… L'humour en berne reste toutefois l'image de marque du film, ainsi que l'attrait que représente ce mystérieux "soldat de l'hiver" qui n'est autre que - sans trop en dévoiler - la Némésis du héros.
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